Elizabeth II en guerre nucléaire : Les mots qu'elle a failli dire le 4 mars 1983
Publié le 2 août 2013 à 17:06
Par Guillaume J.
La reine Elizabeth II lors de son discours de Noël 1983 La reine Elizabeth II lors de son discours de Noël 1983© Abaca
La reine Elizabeth II lors de la parade Trooping the Colour en 1983 à Londres
La princesse Elizabeth, future reine Elizabeth II, et sa soeur la princesse Margaret, à Windsor en 1941, leur refuge pendant la Seconde Guerre mondiale.
La reine Elizabeth II au Kenya en novembre 1983
Elizabeth II et le duc d'Edimbourg en visite au Kenya en novembre 1983
La reine Elizabeth II en visite au Kenya en 1983
La princesse Elizabeth (debout, au centre) en 1945
La reine Elizabeth II et le duc d'Edimbourg à Badminton en avril 1983
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Elizabeth II n'était pas vraiment armée, en 1952, pour devenir reine à seulement 25 ans, après seulement une année de suppléance de son père George VI tandis que sa santé déclinait irrémédiablement, jusqu'à sa mort prématurée, à 56 ans. Qui le serait ? 61 ans plus tard, alors que son jubilé de diamant puis le soixantenaire de son couronnement ont donné lieu consécutivement en 2012 et 2013 à des célébrations intenses mettant en exergue l'oeuvre d'une vie au service de la nation, des documents d'archives inédits révèlent les mots qu'elle aurait pu prononcer à l'attention de ses compatriotes en cas de Troisième Guerre mondiale...

La découverte peu paraître anachronique, tant la vénérable et vénérée souveraine a réalisé d'accomplissements mémorables au cours de décennies qui n'ont heureusement pas connu cette troisième crise mondiale, et tant elle dégage aujourd'hui de sérénité, devenue arrière-grand-mère d'un futur roi d'Angleterre en la personne du prince George de Cambridge, né le 22 juillet. Mais elle a l'intérêt assez fascinant de remettre en perspective le début de règne et l'apprentissage sur le tas de la jeune femme qu'elle était lorsqu'elle a dû embrasser, plus tôt que prévu, son destin.

Quand on règne, il convient d'être paré à tout. Dès l'automne 1951, le secrétaire particulier de la princesse Elizabeth porte par devers lui, tandis qu'elle est en visite officielle en Amérique du Nord, l'ébauche d'une déclaration pour le cas où le roi George VI viendrait à décéder. Un document qui a été exhumé cette semaine des Archives nationales, ainsi que d'autres éléments classés top secrets, tel un document de 1983 mentionnant l'existence à l'époque de la Guerre des Malouines d'une nouvelle arme développée à la demande de Margaret Thatcher - un laser destiné à éblouir les pilotes argentins attaquant la flotte britannique.

Le texte anticipant la "Troisième Guerre mondiale" date de la même époque, et, en écho à la menace d'un conflit nucléaire suscitée par la Guerre froide, dénonçait notamment "le pouvoir de mort de la technologie quand elle est utilisée à de mauvaises fins".

"Quand je me suis adressée à vous il y a moins de trois mois, nous savourions tous la chaleur et la solidarité d'un Noël en famille. Nos pensées étaient concentrées sur les liens forts qui unissent chaque génération à ceux qui l'ont précédée et ceux qui lui succéderont. Les horreurs de la guerre n'auraient pas pu paraître plus inconcevables, tandis que je passais Noël avec ma famille et avec celle, toujours croissante, du Commonwealth", aurait ainsi déclaré la reine Elizabeth II au soir du vendredi 4 mars 1983, soit aux prémices de l'exercice Able Archer 83 organisé par l'OTAN, simulation si poussée que l'état-major russe en vint à craindre une attaque américaine et que les blocs occidentaux et soviétique (Bleu et Orange, selon les noms de code de l'opération) furent au bord d'un affrontement nucléaire.

"À présent, cette folie qu'est la guerre se répand une fois encore à travers le monde et notre courageux pays doit se préparer à survivre coûte que coûte", aurait alors exhorté la souveraine.

"Mon propre fils Andrew, en ce moment même, est en manoeuvres avec son unité et nous prions"

Elle aurait alors convoqué son expérience personnelle de la guerre. En tant que chef d'Etat, elle a certes eu à gérer les conflits en Irlande du Nord, aux Malouines (et plus tard, en Irak ou encore en Afghanistan) ; en tant que patriote, elle avait surtout "servi", très jeune, lors de la Seconde Guerre mondiale : levée de fonds à Windsor pour pouvoir fournir des vêtements aux troupes et allocution sur la BBC en 1940, à 14 ans ; nommée colonel en chef des grenadier Guards à 15, puis conseiller d'Etat à 17 ; engagement en février 1945 au sein de l'Auxiliary Territorial Service, avant la libération le 8 mai, qu'elle vécut dans la rue avec sa soeur Margaret.

Elle aurait ainsi continué : "Je n'ai jamais oublié la tristesse et la fierté que j'avais ressenties avec ma soeur lorsque, collés au poste récepteur de la garderie, nous écoutions les mots galvanisants de mon père en ce jour tragique de 1939. Pas un seul moment je n'aurais imaginé qu'un jour cette tâche solennelle et atroce m'incombe. Nous savons tous que les dangers qui se dressent devant nous aujourd'hui sont plus grands, et de loin, qu'à n'importe quel autre moment de notre histoire. L'ennemi, ce n'est pas le soldat avec son fusil ni même le pilote d'avion hantant les cieux de nos villes et nos villages, mais le pouvoir de mort de la technologie utilisée à mauvais escient. Mais quelles que soient les horreurs qui nous attendent, toutes les qualités qui nous ont permis par deux fois de garder intact notre royaume au cours de ce sombre siècle seront encore notre force. Mon époux et moi partageons la peur de toutes les familles à travers pour les fils, les filles, les maris et les frères qui nous ont laissés pour servir leur pays. Mon propre fils Andrew, en ce moment même, est en manoeuvres avec son unité et nous prions sans cesse pour sa sécurité et pour la sécurité de tous les soldats ici et par-delà les mers. C'est ce lien solide, celui de la famille, qui doit constituer noter meilleure défense contre l'inconnu. Si les familles restent unies et déterminées, offrant un abri à ceux qui sont sans seuls et sans défense, l'instinct de survie de notre pays ne pourra être anéanti. Le message que je vous adresse est donc simple. Aidez ceux qui ne peuvent s'aider eux-mêmes, apporter du réconfort à ceux qui sont seuls et sans abri, et faites que votre famille devienne le foyer de l'espoir et de la vie pour ceux qui en ont besoin. Et tandis que nous luttons ensemble pour vaincre ce nouveau fléau, prions pour notre pays et les hommes de bonne volonté, où qu'ils soient. Dieu vous bénisse."

Un discours qui, bien que virtuel et d'un autre temps, n'est pas sans impact.

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