Justice sociale contre justice royale, le combat semble inégal, et Tim Haries, un père privé de ses enfants qui avait manifesté sa colère en vandalisant le 13 juin 2013 en l'abbaye de Westminster une toile commémorant le couronnement de la reine Elizabeth II, risque d'en faire l'amère expérience.
Electricien de 42 ans et père de deux enfants dont il n'a pas la garde, l'homme avait extériorisé son mal-être et appelé littéralement à l'aide en gribouillant "Help" en peinture jaune-orangée sur un tableau monumental (2,7 sur 3,3 mètres) commandé spécialement pour les célébrations du jubilé de diamant commémorant en 2012 les 60 ans du règne d'Elizabeth II : Le Théâtre du couronnement, Abbaye de Westminster : un portrait de sa Majesté la reine Elizabeth II. La toile, réalisée par l'Australien Ralph Heimans. En comparution immédiate devant un tribunal dès le lendemain, il s'était déclaré "pas en mesure" de plaider coupable ou non coupable. Mercredi 8 janvier 2013, la cour de justice londonienne de Southwark a considéré qu'il l'était : opposant à sa ligne de défense, qui consistait à présenter ce geste comme un acte de désespoir visant à mettre en exergue "le problème de la justice sociale à notre époque", la certitude que la désobéissance civile n'est pas un argument recevable, le tribunal l'a reconnu coupable et l'a laissé en liberté provisoire en attendant sa sentence, le 5 février.
Il est certain que cet électricien de Doncaster (nord de l'Angleterre) pourra ajouter une grosse amende à la liste de ses soucis, puisque la restauration de l'oeuvre vandalisée représentant la souveraine debout dans le choeur de l'abbaye de Westminster, décrochée après avoir été barbouillée par Tim Haries, a coûté 8 800 euros.
A l'annonce de sa condamnation, le prévenu a réagi en défendant sa "manifestation pacifique au nom de ses enfants et des millions d'enfants séparés de leur père" par la justice britannique, rapporte l'AFP. Sur ce point sensible, Tim Haries avait reçu le soutien de l'association britannique de défense des pères séparés dont il est membre, Fathers4Justice, laquelle avait appelé, après avoir d'abord gardé ses distances, à écrire "Help" dans des "lieux significatifs visibles dans le monde". Quelques jours plus tard, un autre de ces papas désespérés que soutient l'organisme avait été arrêté à la National Gallery de Londres après avoir collé une photo de son fils sur le chef d'oeuvre de John Constable, La Charrette de foin.