Au rayon des joyaux de la couronne, la reine Elizabeth II est la pièce maîtresse. A bientôt 89 ans, qu'elle fêtera le 21 avril prochain, et alors qu'on vient de célébrer le 6 février dernier les 63 ans de son règne, son empreinte s'enrichit d'une nouvelle facette : une cinquième effigie sur les pièces de monnaie en circulation dans le royaume.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, seuls quatre portraits de la monarque ont été utilisés jusqu'à maintenant pour frapper les pièces du Royaume-Uni depuis son avènement, la dernière "réactualisation" remontant à près de 17 ans : ceux réalisés par Mary Gillick (de 1953 à 1967), Arnold Machin (de 1968 à 1984), Raphael Maklouf (de 1985 à 1997) et Ian Rank-Broadley (depuis 1998). Lundi 2 mars 2015, la nouvelle version de l'effigie que frappera dorénavant la Royal Mint (la Monnaie Royale) a été dévoilée lors d'un événement organisé à la National Portrait Gallery. Une version, naturellement approuvée par l'intéressée, qui a été préférée par le jury à sept autres en compétition anonyme, et avait pour mot d'ordre la fidélité à son modèle.
Ainsi découvre-t-on de manière inédite l'apparition de pattes d'oie au coin des yeux de la vénérable octogénaire, ainsi qu'un léger tassement du menton. "J'ai vraiment aimé les quatre précédents portraits pour la monnaie ; chacun a sa force, à sa manière, a signalé l'heureux élu, Jody Clark, 34 ans, graveur à l'institut royal de la monnaie (Royal Mint). J'espère avoir rendu justice à Sa Majesté et je l'ai immortalisée comme je le voulais, dans une représentation appropriée. Quand j'ai appris que mon dessin avait été choisi, j'ai été submergé par l'émotion, et encore maintenant j'ai dû mal à réaliser que mon portrait royal va figurer sur des millions de pièces, jouant un petit rôle dans l'histoire millénaire de la Royal Mint." Qu'on ne s'y méprenne pas : Jody Clark est tout sauf un novice, puisque le jeune graveur avait déjà décroché la timballe avec la création de médailles pour la Ryder Cup (rendez-vous international phare de l'univers du golf) et pour un sommet de l'Otan.
Et si son portrait est logiquement pétri de tradition, représentant la reine de profil, tournée - comme c'est la tradition depuis le XVIIe siècle - vers la droite et coiffée du diadème diamant qu'elle portait le jour de son couronnement en 1952 (et d'usage pour chaque ouverture cérémonielle du Parlement à Westminster), une autre originalité le caractérise : c'est en effet la première fois que la représentation royale a été travaillée sur ordinateur, avant d'être sculptée, note l'AFP.
Alors que la dernière pièce à être frappée du quatrième portrait d'Elizabeth II, celle de 100 livres sterling (autant dire, une pièce de collection plutôt qu'une pièce à emplettes), a été révélée en décembre dernier, la production des pièces ornées du cinquième portrait a d'ores et déjà débuté, dès lundi. Leur mise en circulation se fera dans le courant de l'année. Année qui verra Elizabeth II battre, en septembre, le record de longévité en règne de la reine Victoria, établi à 63 ans, 7 mois et 2 jours...