Il avait 12 ans le jour où sa mère est morte dans le tunnel du pont de l'Alma à Paris. À partir de cet instant, évidemment, plus rien n'a jamais été pareil pour Henry Charles Albert David, dit Harry, duc de Sussex. Il a alors dû faire avec le poids de l'absence et l'attention décuplée qu'a porté, sur lui et son frère, William, l'opinion du monde entier. Leur père, Charles – devenu le roi Charles III le 8 septembre 2022 – a fait ce qu'il a pu pour préserver leur enfance et leur adolescence. Mais les deux frères n'ont pu se dérober aux mille et une contraintes qu'implique le statut de prince.
Présence aux anniversaires de leur grand-mère, la reine Elizabeth II, aux Christmas Day Service caritatifs, aux matchs de polo de Charles, photos de famille en vacances, mariages...Harry et William se sont pliés à tous ces rites et, souvent, on sentait que cela leur pesait. Particulièrement au cadet, moins enclin à ces mondanités.
Un de ses pires souvenirs reste ainsi son arrivée au collège d'Eton le 3 septembre 1998. Ce jour-là, outre le stress inhérent à l'entrée dans le saint des saints de l'élite britannique (fréquenté par les ex-Premiers ministres Boris Johnson et David Cameron ou l'auteur de James Bond, Ian Fleming), il avait dû subir l'encombrante présence de la presse de son pays.
Harry s'est toujours juré d'épargner ces corvées aux enfants qu'il a eus avec son épouse Meghan Markle. Le 25 août dernier, lors de la rentrée scolaire californienne, il a pu mettre ces bonnes résolutions en pratique.
C'est en toute discrétion qu'Archie (5 ans) etLilibet (3 ans) ont vécu leur premier jour de classe dans une école privée de la commune de Montecito où ils résident. Le nom de l'établissement n'a pas été révélé et leurs parents ont pu tranquillement les emmener dans leurs classes.
Les frais de scolarité de cette école s'élèveraient à 45 000 euros par an et par élève et les petits-enfants de Charles pourront s'y adonner à leurs passions respectives : le chant et la danse pour la petite Lilibet et la construction pour son frère, Archie. Rappelons qu'ils sont sixième et septième dans l'ordre de succession au trône.
Quand ils étaient enfants, Harry et son frère avaient été les premiers membres de la famille royale à fréquenter une école maternelle en dehors du palais de Buckingham. Mais par la suite – en dépit des réserves de leur maman Diana – ils s'étaient conformés au parcours classique des enfants-rois.
À sept ans, Harry avait rejoint William au pensionnat de Ludgrove School à Wokingham (Berkshire), à 53 kilomètres de Londres et de leurs parents. Ils y resteront cinq ans parmi 200 autres garçons, dans une chambre partagée avec quatre autres élèves.
Harry a souffert de devoir vivre dans cet établissement aux règles strictes. Il n'avait pas le droit d'utiliser la radio et la télé, ni d'appeler ses proches ! En revanche, il devait écrire chaque dimanche une lettre à sa famille. Les deux frères ne pouvaient rentrer chez eux qu'un week-end sur deux.
Ce choix est d'autant plus surprenant qu'à leur âge, le prince Charles avait beaucoup souffert de sa vie en internat à Gordonstoun, un établissement éloigné du nord de l'Écosse. Dans une lettre de l'époque, il écrivait ceci : " Les gens de mon dortoir sont répugnants. Dieu, ils sont horribles. Je ne sais pas comment quelqu'un pourrait être si méchant. Je ne dors pratiquement pas parce que je ronfle et je me fais frapper à la tête tout le temps. C'est l'enfer absolu. "
Pas question donc pour Harry de suivre les traces paternelles et d'imposer ce calvaire à ses rejetons. Archie et Lilibet vivent leur enfance aux États-Unis, loin de l'attention de la presse britannique et ils dormiront toujours dans leur maison le soir !
D'une manière générale, depuis qu'ils ont quitté ce qu'ils appellent "la firme" (la famille royale britannique et son organisation contraignante), Harry et Meghan ont tenu leurs enfants à l'écart des projecteurs. Leurs visages actuels ne sont pas connus car leurs parents ne les emmènent pas lors des engagements publics qu'ils assurent en Grande-Bretagne, en Amérique ou lors de leurs voyages internationaux.
Ils n'auraient également pas de domestiques, refusant de payer des personnes pour s'occuper de leur progéniture. Sauf, bien entendu, pendant leurs absences protocolaires. Et ces attentions fonctionnent : selon un proche, Lilibet et Archie n'auraient pas conscience de faire partie de la famille-royale, personne ne le leur ayant dit.
Bref, tout le contraire de leur cousin George, le fils de William et son épouse Kate . À 11 ans, l'enfant sait déjà qu'il est le deuxième dans l'ordre de succession et à ce titre, appelé à régner. Il s'y prépare déjà en apprenant notamment à gérer ses émotions.
Dans son autobiographie, Le Suppléant (Fayard) parue l'an dernier, Harry évoquait le douloureux poids de son statut. Il racontait que le jour de sa naissance son père, alors le prince Charles, aurait dit à sa mère : " Magnifique ! Désormais tu m'as donné un héritier et un suppléant – mission accomplie. " À ses yeux, ses enfants ne seront jamais des suppléants.