Eric Zemmour n'a pas officialisé sa campagne pour la présidence qui voit les sondages grimper en sa faveur, mais en coulisses, les affaires se poursuivent car les obstacles sont sérieux face à lui. Le presque candidat à l'élection présidentielle 2022 peut se targuer de beaux scores pour la vente de son dernier livre, La France n'a pas dit son dernier mot. Cependant, s'il est devenu millionnaire grâce à lui indique Le Parisien, la route reste longue du point de vue financier, d'après une enquête de Libération.
En deux semaines, le polémiste a vendu 130 000 exemplaires de La France n'a pas dit son dernier mot. Si les chiffres restent aujourd'hui considérables, ils se tassent avec 22 000 copies vendues en quatrième semaine. "Difficile pour Eric Zemmour de réitérer l'exploit du 'Suicide français' qui s'était écoulé à 450 000 exemplaires. Publié en 2014 chez Albin Michel", indique Le Parisien. Son dernier ouvrage est autoédité avec sa maison Rubempré, après avoir quitté et attaqué Albin Michel pour rupture abusive de son contrat. Malgré des ventes en baisse, elles restent honorables et le polémiste a bien négocié son contrat : "il toucherait donc 8 euros par livre contre 3 euros environ quand il était chez Albin Michel. Il a en vendu 187 000 exemplaires à ce jour, ce qui lui permet de toucher la bagatelle de près d'1,5 million d'euros."
Une belle somme dont il a de quoi se féliciter mais pour faire une campagne présidentielle, Eric Zemmour n'a pas les mêmes moyens financiers qu'un Donald Trump, figure médiatico-politique à qui on le compare souvent. Dans son enquête, Libération tente de voir qui sont les soutiens financiers de l'essayiste et quels sont leurs moyens. L'Association des amis d'Eric Zemmour, dont Antoine Diers est le porte-parole est habilitée à collecter des fonds en jouant le rôle d'un mandataire financier pour le compte du mouvement : "Elle s'occupe donc de préparer le terrain en déposant les chèques qui arrivent, quelques dizaines ou centaines d'euros à chaque fois, parfois quelques milliers, sur le compte bancaire ouvert par l'association."
Philippe Milliau, le président de la chaîne de TV Libertés, jeunes entrepreneurs, fonctionnaires territoriaux ou élus municipaux sont dans les rangs mais ils manquent d'expérience politique. Sarah Knafo, sa conseillère de l'ombre et magistrate détachée de la Cour des comptes, aurait entamé des négociations avec d'éventuels riches sponsors. Charles Gave, un millionnaire qui a un temps soutenu Nicolas Dupont-Aignan, a prêté 300 000 euros à l'animal médiatique. Le nom de Lazard, groupe mondial de conseil financier et de gestion d'actifs, est cité par Libération mais l'entourage dément toute implication : "Zemmour, depuis deux ans, passe sa vie à déjeuner avec des gens. Il a raté deux fois l'ENA, et il est fasciné par notre univers. Il le fait pour se rendre important, se faire mousser."
Le polémiste travaille dans tous les cas patiemment avec des rentrées d'argent sûres grâce à la maison d'éditions Rubempré - il en est le gérant actionnaire majoritaire, à raison de 225 parts pour lui contre 25 pour sa femme, l'avocate Mylène Chichportich. Le couple redistribue tout ou partie des bénéfices engrangés "sous forme de salaires ou de dividendes, selon une optimisation fiscale légale mais millimétrée", précise Libération.