Bruno Gaccio découvrait dans un livre publié en 2005 par Pierre Martinet, un ex-employé des services de sécurité de Canal+, qu'il avait été filé et photographié. Autant dire espionné. Le procès se tenait en septembre à la 17e chambre correctionnelle de Paris. Le procureur Anne de Fontette avait demandé de lourdes peines à l'encontre des cinq accusés et de la chaîne cryptée. Le tribunal n'aura pas accédé à la totalité de ses demandes.
Engagée en tant que personne morale et alors que 500 000 euros d'amende étaient demandés par le procureur, la chaîne Canal+ a été relaxée par le tribunal. La 17e chambre a été plus sévère à l'encontre des autres accusés. Pierre Martinet est condamné à 15 mois de prison avec sursis, deux ans avec sursis étaient requis, et 5 000 euros d'amende au lieu des 20 000 demandés. Cet ancien agent de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) qui a passé 17 mois au sein du service de sécurité de Canal+, était considéré par la procédure comme un "justicier repenti et exécuteur de basses oeuvres".
Pierre Martinet affirmait agir à la demande de sa hiérarchie, à savoir Gilles Kaehlin et son adjoint Gilbert Borelli, que le procureur souhaitait voir condamnés à un an de prison et 45 000 euros d'amende pour le premier, et trois ans de prison (dont deux avec sursis) et une amende de 30 000 euros pour le second. Gilles Kaehlin écope finalement d'un an de prison avec sursis et 10 000 euros d'amende, et Gilbert Borelli de 15 mois de prison avec sursis et 10 000 euros d'amende.
Un ancien policier et un ex-agent de France Telecom, accusés d'avoir transmis au service sécurité de Canal+ le listing détaillé des appels du portable de Bruno Gaccio, ont été épargnés d'une peine de prison et seulement condamnés à 2 000 euros d'amende chacun.
Bruno Gaccio a fait l'objet de cet espionnage alors qu'il menait une fronde interne contre le renvoi de Pierre Lescure de la direction de Canal+ en 2002. Dans le livre de Pierre Martinet, on découvre les scénarios envisagés pour faire tomber l'impudent devenu gênant : drogue, prostitution, etc... Une découverte qui avait de quoi bouleverser l'ancien auteur des Guignols de l'info.
C'est une étonnante décision de justice à deux vitesses... comme souvent ! Le parquet va-t-il faire appel contre la décision de ne pas condamner Canal+ alors que le procureur avait requis 500.000 euros d'amende ? A suivre !