Il y a dix ans, la série James Bond entrait dans une nouvelle ère avec le départ de Pierce Brosnan, décidé à poser les armes après quatre épisodes de plus en plus absurdes - petite pensée pour sa séance de surf sur la banquise dans Meurs un autre jour (2002).
Parmi plusieurs centaines de prétendants, Daniel Craig était choisi pour incarner un 007 plus jeune et plus brutal dans Casino Royale (2006) et Quantum of Solace (2008). Un retour aux sources pour comprendre ce personnage culte, traumatisé par une histoire d'amour tragique, et laisser la part belle aux incontournables James Bond Girls, interprétées par la Française Eva Green et la Franco-Ukrainienne Olga Kurylenko.
Révélées au monde entier dans les blockbusters, les deux comédiennes se sont depuis montrées particulièrement étonnantes. Loin de céder aux sirènes d'Hollywood, elles se sont frayé un chemin dans le cinéma d'auteur à travers le monde, condition sine qua none pour dépasser leur statut de reines de beauté.
Après Kingdom of Heaven (2005) de Ridley Scott et l'échec du film d'aventures À la croisée des mondes - La Boussole d'or (2007) avec Nicole Kidman et Daniel Craig, Eva Green est retournée en Europe, à l'écoute des jeunes réalisateurs. Artiste suicidaire dans Franklyn (2008) puis institutrice désaxée dans Cracks (2009), elle arpente la scène indépendante - beaucoup de ses films restent inédits en France - et ne recule devant aucun challenge. Dans Womb (2009), elle incarne une jeune femme qui décide de cloner son amour décédé et se retrouve à élever seule l'enfant qui deviendra l'homme qu'elle aime.
Héroïne sexy des virils Hitman (2007), Max Payne (2008) et Quantum of Solace (2008) en l'espace de quelques mois, Olga Kurylenko s'exile quelque temps du cinéma américain. Consciente que le film d'action est une étiquette dommageable dans la carrière d'une actrice, elle revient discrètement en guerrière muette dans le film médiéval Centurion (2010) et le film de guerre There Be Dragons (2011) de Roland Joffé.
Le hasard des sorties veut que les deux bombes se retrouvent dans les salles obscures cette semaine, unies par un parfum de mélancolie. Prise dans la tourmente d'une étrange épidémie qui prive l'humanité de chacun de ses sens au fil des semaines, Eva Green aime Ewan McGregor dans Perfect Sense, une romance mystérieuse et envoûtante. Hantée par l'horreur de Tchernobyl et ses victimes, Olga Kurylenko est à l'affiche La Terre outragée, un drame qui marque aussi son retour en Ukraine.De l'apocalypse des sens à celle du nucléaire, les deux comédiennes semblent maîtriser leur carrière d'une main de fer déguisée dans un gant de velours glamour. Néanmoins, Hollywood n'est jamais bien loin. Héroïne blonde et hystérique du Dark Shadows de Tim Burton, Eva Green est annoncée dans le film d'action 300 : Battle of Artemisia. Pour sa part, Olga Kurylenko est attendue dans la série Magic City, le thriller The Expatriate avec Aaron Eckhart, un des projets mystérieux de Terrence Malick, et un film de science-fiction encore sans titre avec Tom Cruise. De quoi donner quelques idées à Bérénice Marlohe, prochaine James Bond Girl de Skyfall, attendu le 24 octobre.
Perfect Sense et La Terre outragée, actuellement en salles.
Geoffrey Crété