Délicieusement extravagante sur les tapis rouges avec son allure de princesse gothique, Eva Green ne déçoit pas sur la couverture de L'Officiel dédié aux contes de fées modernes et à ses héroïnes envoûtantes. Regard sans détour, rouge à lèvres incendiaire, couronne de feuilles noires et robe verte signée Ralph Lauren, la plus étrangère des actrices françaises prépare déjà la sortie de Dark Shadows, dans lequel elle rejoint le cercle très privé des acteurs de Tim Burton aux côtés de Johnny Depp et Michelle Pfeiffer.
Dans cette adaptation d'une série culte américaine sur une famille de créatures fantastiques et autres monstres, Eva Green est peut-être blonde mais elle n'en demeure pas moins dangereuse dans son troisième rôle de sorcière. Dans L'Express, l'actrice en parle : "Angelique est la méchante de l'histoire : sorcière, elle fait de lui (Johnny Depp) un vampire puis l'enterre vivant. Deux cents ans plus tard, en 1972, Barnabas est libéré de sa tombe et il retrouve Angelique. Métamorphosée, elle est devenue une femme d'affaires redoutable. Blond platine... Une Barbie avec un fouet !" Le producteur Richard Zanuck expliquait dans Studio CinéLive son admiration pour l'actrice : "Nous n'avions pas de noms prédéfinis pour le personnage. Nous savions que l'actrice devrait représenter une réelle menace pour Johnny. C'était quasi impossible de trouver ne serait-ce que cinq noms d'actrices possédant une telle force. Eva Green est tout simplement époustouflante. Elle est capable de regards qui vous glacent le sang."
De son côté, l'actrice de 31 ans rêvait depuis des années de travailler avec le cinéaste farfelu : "Tim Burton est un cinéaste et un peintre que je vénère. Quand il m'a appelée, j'étais au comble de la joie... Mais, dès le lendemain, j'ai commencé à me mettre une pression incroyable. Je suis toujours angoissée avant un tournage. Là, j'étais pétrifiée. Les deux premières semaines ont été très difficiles. J'étais intimidée par Johnny Depp et, surtout, par Michelle Pfeiffer, qui joue ma rivale dans le film. Tim a cru en moi et a tout fait pour me mettre à l'aise. Finalement, ça a été le plus beau tournage de ma vie." Et par la même occasion, le dixième film de la belle.
Lorsque le monde entier découvre Eva Green, c'est en James Bond girl glamour et insaisissable dans Casino Royale. Une carrière hollywoodienne de jolie fille lui tendait les bras, mais elle refuse et se lance dans une suite de paris risqués loin des projecteurs. Après l'échec de la superproduction À la croisée des mondes : La boussole d'or, Eva Green s'efforce de trouver un juste milieu entre The dreamers, son tout premier film controversé, et un cinéma plus populaire. Elle explore la science-fiction d'auteur dans Franklyn avec Ryan Phillippe et étonne en professeur perverse dans Cracks et en Guenièvre dans la série Camelot. Dans Womb, elle décide de porter en elle le clone de l'homme qu'elle aimait, et dans le prochain Perfect sense avec Ewan McGregor, elle affronte une apocalypse qui prive l'humanité de ses sens. Une série de décisions qui laissent une partie du public perplexe, à commencer la mère de l'actrice, Marlène Jobert : "Elle me prend pour un ovni ! Elle se demande pourquoi je fais des films indépendants que personne ne va voir !"
Difficile de classer Eva Green dans une catégorie. Grande diva des tapis rouges, elle excelle dans l'art d'éviter l'attention des médias sur sa vie privée : "Je n'aime pas être trop être visible. Sauf sur les tapis rouges. Là, je sors le grand jeu : je veux du glamour, du théâtral, du rock !" Une attitude provocante qui lui offre une aura de star loin de ses origines : son dernier film en français, Arsène Lupin, remonte d'ailleurs à 2004. Comme Clémence Poésy, qui s'épanouit avant tout en anglais, Eva Green brille loin de sa France natale : "J'ai conscience qu'il s'est établi une barrière entre le cinéma français et moi, et je le regrette. J'aimerais vraiment tourner en France avec des cinéastes comme Audiard, Giannoli, Desplechin... Je voudrais aussi me débarrasser de cette image glacée, sophistiquée, qui me colle à la peau."
Retrouvez l'interview d'Eva Green dans L'Express du 18 novembre, et dans l'édition du mois de décembre de L'Officiel.
Geoffrey Crété