C'est aujourd'hui que les experts médecins ont rendu leur rapport sur la dégradation de l'état de santé de Johnny Hallyday. Opéré le 26 novembre 2009 d'une hernie discale par le Docteur Stéphane Delajoux, le rockeur avait par lui suite connu une terrible descente aux enfers, la douleur et le coma artificiel après son hospitalisation d'urgence le 7 décembre 2009 à Los Angeles. Il avait alors demandé la nomination d'experts auprès du tribunal de Paris et déclaré "J'ai frôlé la mort" .
Le docteur Stéphane Delajoux est sérieusement mis en cause dans le rapport des deux experts.
Les avocats de la star ont réagi dès aujourd'hui pour annoncer leur intention de démarrer une démarche indemnitaire auprès de assureurs d'une part, et d'autre part, Johnny Hallyday "a demandé à ses avocats de saisir l'Ordre des Médecins d'une plainte à l'encontre du Docteur DELAJOUX."
Les experts, le Professeur Tadie et le Docteur Gachot, estiment dans leur rapport que "l'indication opératoire était justifiée et conforme aux règles de l'art", tout comme "la technique opératoire". Par contre, ils écrivent que durant l'opération, le docteur Delajoux a touché la dure-mère, "provoquant une fuite du liquide céphalo-rachidien". Un incident déjà évoqué dans des extraits du rapport publiés par le JDD en juillet dernier. Un incident fréquent qui "n'est pas considéré comme un accident médical."
Alors où le docteur Delajoux a-t-il pêché ?
Selon le rapport, c'est "le suivi et la surveillance postopératoires (qui) n'ont pas été conformes aux règles de l'art et aux données acquises de la science à l'époque des faits." Concrètement, en cas de brèche durale, "il est recommandé de garder le patient au repos pendant 48 heures pour favoriser la cicatrisation", ce qui n'a pas été fait. "Le fait de ne pas avoir prescrit un repos strict au lit pendant 48 heures, et d'avoir laissé le patient se lever le lendemain et sortir le surlendemain, n'est donc pas conforme aux règles de l'art et a entraîné une perte de chance de voir la brèche se tarir que l'on peut estimer à 75%."
De fait, les experts regrettent que le docteur Delajoux n'ait fourni "aucun document permettant de prouver que M. Smet a été informé" correctement ou qu'il "quittait la clinique contre avis médical." Laeticia Hallyday a eu plusieurs fois Delajoux au téléphone, très inquiète de la dégradation de l'état de santé de son époux, le médecin ne lui a jamais parlé de ce problème de "dure-mère" touchée pendant l'opération. Il en a seulement avisé le 7 décembre 2009, l'un des médecins du Cedars Sinaï qui oscultait Johnny, ce dernier venait d'arriver en catastrophe aux urgences... soit 11 jours après l'opération, l'infection était alors gravement installée.
Dans le communiqué des avocats du Taulier, Maîtres Virginie Lapp et Claude Lienhard, qui ont pris connaissance du rapport établi par les Experts, les explications sont très claires : "Le rapport qui répond à la mission ordonnée par le Juge des référés met en évidence des fautes et manquements caractérisés directement et personnellement imputables au Docteur DELAJOUX. Il est donc acquis que les conditions de l'engagement de la responsabilité civile professionnelle du Chirurgien sont à l'évidence remplies. L'analyse technique approfondie des Experts permet aujourd'hui d'établir la vérité concernant les circonstances ayant amené Johnny HALLYDAY à frôler la mort et à être exposé à un risque vital."
Du côté du docteur Delajoux, son avocat Me Hervé Temime a fait savoir jeudi dans un communiqué à l'AFP : "Le rapport le satisfait complètement en ce qu'il réaffirme que l'indication opératoire était justifiée et que l'intervention chirurgicale s'est déroulée selon les règles de l'art." "S'agissant du défaut d'information qui lui est reprochée et de la perte de chance qu'il aurait engendrée, le Dr Delajoux le conteste."
L'affaire est loin d'être bouclée au vu des déclarations des avocats de Johnny Hallyday, mais aussi de celles de l'avocat de Stéphane Delajoux. Car Me Hervé Temime ajoute à propos du "défaut d'information" postopératoire : "Cette question ne pourra être tranchée que par les tribunaux lorsqu'ils seront saisis."
Une belle bataille en perspective, mais surtout Delajoux et son conseil jouent sur les mots dans ce dossier épineux. Le reproche très clair fait au neurochirurgien est de ne pas avoir informé son patient de cette brèche dans la "dure-mère" qui a déclenché (par son silence) les conséquences que l'on connait. Johnny Hallyday avait raconté avec émotion combien il avait souffert atrocement après cette opération dans son premier interview donné au JDD, et avait détaillé par le menu ses rapports avec Delajoux...
Une affaire qu'on va continuer à suivre avec interêt...