17 mars 2012. 42e minute du quart de finale de Cup entre Tottenham et Bolton. Fabrice Muamba s'effondre, inconscient, sur la pelouse de White Hart Lane, à Londres. Victime d'un arrêt cardiaque long de 78 minutes, le joueur de Bolton est mort. Pourtant, défiant les lois de la nature, le jeune homme ouvre les yeux quelques jours plus tard. Trois ans après le drame, il témoigne.
"Je suis mort''
Toujours installé à Wimslow, petite ville située à quelques dizaines de kilomètres de Manchester, Fabrice Muamba (26 ans) va bien. À la fois timide, calme et posé, il pose un regard lucide sur ce qu'il appelle un miracle. "Les gens me croisent et me demandent 'comment ça va ?', mais pas comme on le fait habituellement avec quelqu'un. Moi, c'est 'comment ça va parce que vous étiez mort', en fait... Les gens veulent savoir ce qu'il s'est passé, comment ça a affecté ou non ma vie et celle de ma famille. Je n'ai aucun problème pour leur répondre", explique à L'Équipe Fabrice Muamba, retraité forcé des terrains de football.
Ce qui s'est passé ce jour-là, c'est une "fibrillation ventriculaire, un dérèglement incontrôlé du rythme cardiaque correspondant à l'accélération rapide, désorganisée et inefficace des ventricules du coeur", écrit L'Équipe. En direct à la télévision. Rapidement, les équipes médicales interviennent. Entre le stade et le London Chest Hospital, il reçoit 15 chocs de défibrillateurs. Durant 78 minutes, Fabrice Muamba est mort. Avant que son coeur ne se remette à battre... "Je suis mort", une phrase qu'il écrit à de multiples reprises dans son autobiographie I'm Still Standing ("Je suis toujours debout" en VF). "Quand vous ne respirez pas pendant soixante-dix-huit minutes, comment pouvez-vous décrire la situation ? [Il marque une pause, NDLR] Quand vous ne respirez pas pendant soixante-dix-huit minutes, comment pouvez-vous décrire la situation ? La mort, c'est quoi ?", interroge-t-il ainsi.
Le foot... dans son jardin
Mort, il l'était. "Jusqu'à ce que l'équipe médicale réponde à des milliers de prières. À moins que vous n'ayez une autre définition de la mort...", poursuit Fabrice Muamba. S'il refuse l'idée d'être "quelqu'un d'extraordinaire", il reconnaît qu'il aurait aimé rejouer au football, "l'issue parfaite à cette histoire", selon lui : "J'aurais alors battu absolument tous les pronostics après mon accident. Survivre et rejouer à haut niveau." Mais les médecins sont formels, la pratique du foot pro n'est pas compatible avec son état de santé, lui qui porte désormais un défibrillateur interne. Le foot, c'est désormais dans son jardin avec ses fils Joshua et Matthew (5 et 2 ans et demi), fruit de son amour pour son épouse Shauna.
Son quotidien, il le partage entre son travail pour le syndicat des joueurs professionnels, ses cours de journalisme sportif et ses diplômes d'entraîneur qu'il passe avec l'aide du club de Liverpool. Sans oublier son travail avec des associations liées aux accidents cardiaques, et celles qui militent pour la multiplication des défibrillateurs dans les lieux publics.
De son accident, il se souvient de peu de choses, mais sait que de nombreux footballeurs l'ont soutenu. "Des joueurs comme Beckham, Messi et Henry m'ont aussi manifesté leur soutien, en m'appelant ou en me laissant des messages. Thierry Henry est même venu me voir à l'hôpital alors que j'étais inconscient, en passant par une entrée discrète. Ça, c'est Thierry !", dévoile-t-il dans les colonnes de L'Équipe. Son retour au Reebok Stadium de Bolton, lors d'un match face, hasard ou coïncidence, à Tottenham ? "Les gens avaient l'air si heureux de me voir. C'était incroyable. J'ai pleuré, un peu. Un moment très important, mais pas facile à supporter", confie Fabrice Muamba.
Débarqué à Londres à l'âge de 11 ans de la République démocratique du Congo sans parler un mot d'anglais, pour suivre son père en exil politique, le jeune homme ira jusqu'à porter le brassard de capitaine des Espoirs anglais après avoir été formé à Arsenal. "J'ai prouvé que rien n'était impossible", conclut-il simplement...
Fabrice Muamba, un entretien à retrouver dans son intégralité dans les pages de L'Équipe du 18 mars 2015