Libérée le 23 janvier dernier après sept années de détention au Mexique, Florence Cassez n'a eu de cesse de répondre aux différentes sollicitations depuis son retour sur le sol français. Paris Match a à son tour recueilli les confidences de la jeune femme, qui n'aspire qu'à une chose aujourd'hui, "du repos et des moules-frites."
Violences et insalubrité
Dans un entretien avec Paris Match ce jeudi en kiosques, Florence Cassez donne un aperçu terrible de ses conditions de détention. Elle révèle ainsi comment Garcia Luna, secrétaire de la Sécurité du Mexique, a tout fait pour la briser, comme ce transfert à la prison de Santa Marta en 2009, où elle resta trois jours avec quatre gardes du corps devant sa cellule pour la protéger tant la violence était omniprésente dans ce centre pénitentiaire. Une intervention de Nicolas Sarkozy plus tard, et la jeune femme retrouvait Tepepan, où elle s'était construit "une vie carcérale" malgré la violence quotidienne, la promiscuité, la surpopulation et le manque d'hygiène certain. Cinq douches, autant de toilettes et de lavabos pour 74 filles, deux heures de queue pour se laver, quand il y avait de l'eau chaude, ou de l'eau tout court, cette dernière étant le plus clair du temps coupée dans les bâtiments.
Florence Cassez raconte sa peur des maladies, de la violence qui l'empêchait de dormir normalement, toujours sur le qui-vive, les drogues omniprésentes, qui provoquaient des accès de rage et de violence chez les détenues en manque, les suicides, les insultes quotidiennes, les claques et le racisme anti-blanc contre celle qui était supposée être coupable d'avoir enlevé des enfants, ce que ces jeunes mères de famille voulaient lui faire payer. Mais dans cet océan de violence et d'insalubrité, Florence Cassez a réussi à se créer un petit univers pour ne pas sombrer.
Sa vie s'organisait ainsi autour des rares activités qu'elle pouvait faire, comme la vente de colliers qu'elle créait, la peinture, dont les toiles qui ont été vendues aux enchères à l'initiative de Mélissa Theuriau, la lecture, ses nombreuses visites ou la gestion du club DVD. La jeune femme explique également comment elle s'est faite presque "transparente" pour éviter les ennuis, comment son tempérament de combattante l'a aidée à tenir toutes ces années, avant la libération tant attendue et espérée...
La liberté malgré les polémiques
Depuis, Florence Cassez a rendu visite àFrançois Hollande et Valérie Trierweiler, déjeuné avec Nicolas Sarkozy, à qui elle a offert un oeuf en faïence pour son anniversaire, dans ses bureaux avec son épouse Carla Bruni. Elle commence doucement à profiter de sa liberté : "J'ai pris le temps de voir mes parents, de les prendre dans mes bras. J'ai profité de mon père. J'ai retrouvé mes sources, même si je ne suis pas encore chez moi. Je suis bel et bien dehors."
Elle pointe cependant du doigt l'attention médiatique dont elle est aujourd'hui l'objet, se défendant de l'image qu'on veut bien lui donner. "Je ne suis ni une héroïne, ni une martyre, ni une otage", explique-t-elle ainsi à Paris Match, ajoutant : "La presse me piste. C'est difficile, car je suis une fille très indépendante." Encore aujourd'hui, sa libération fait beaucoup parler, son innocence étant sans arrêt remise en question. "Comment la prouver ?, interroge-t-elle. C'est impossible. (...) Personne ne peut se défendre lorsque des gens vous accusent à tort. C'est impossible de prouver ce que l'on a pas fait. (...) Évidemment, si j'avais su, je me serais enfuie, je ne suis pas stupide ! Ou même, j'aurais dénoncé Israël (Israël Valarta, son ancien compagnon accusé d'enlèvements, toujours incarcéré en attente de son jugement, ndlr). Encore faut-il qu'il soit lui aussi coupable. Alors aux gens qui doutent, je leur dis : ' Lisez le rapport !' " Et Florence Cassez de continuer à déplorer les accusations de récupération politique : "Ce n'est ni François Hollande ni Nicolas Sarkozy qui m'ont libérée, c'est Auguston Acosta et Frank Berton, mes avocats, et la justice mexicaine."
Désormais, la jeune femme ne souhaite qu'une chose : "Le bonheur, je vais m'y appliquer. Je vais être heureuse. (...) Aujourd'hui, tout me paraît parfait. Avoir un café dans un gobelet, se promener, manger avec mes parents, c'est formidable. Apprécier la vie, respirer... Tout est magnifique."
Florence Cassez, un entretien à retrouver dans Paris Match ce jeudi 31 janvier en kiosques