France Gall a été inhumée dans la plus stricte intimité vendredi 12 janvier 2018 au cimetière Montmartre à Paris, dans la sépulture où reposent Michel Berger et leur fille Pauline. À la mort de cette dernière, l'artiste a mis fin à sa carrière et le cap vers l'île de N'Gor au Sénégal, devenu son pays d'adoption. Sa chanson Babacar, née d'une vraie rencontre, nous vient de Dakar. Que sont devenus ce petit garçon et sa maman qui l'ont inspirée ?
Au milieu des années 1980, lors d'un séjour humanitaire au Sénégal, France Gall et Michel Berger rencontrent une mère désespérée qui leur demande de prendre son fils Babacar car elle est sans ressources. Plutôt que de séparer la femme et son enfant, le couple préfère "donner un métier" à la mère qui désirait être couturière, comme l'expliquait France en 2015 aux lecteurs du Parisien. C'est à cette époque qu'elle rencontre Rama, une Sénégalaise à qui la chanteuse confie la mission de veiller sur Babacar. Ce lundi 15 janvier dans Le Parisien, Rama explique que "la maman n'a pas respecté le contrat" et que la chanteuse en était "très triste et en colère".
Il y a quelques années, dans La Boîte à question du Grand Journal sur Canal+, France Gall se voyait demander ce qu'était devenu Babacar. Elle répondait d'un ton sans émotion : "Aucune idée, j'ai perdu de vue la famille." De cette rencontre ne reste pas que la chanson Babacar, sortie en 1987. L'artiste sénégalais Youssou N'Dour rappelait tout récemment son importance dans Le Parisien : "Les Sénégalais ont été très marqués par cette chanson Babacar, qui est leur préférée, c'est un hommage à son engagement envers les jeunes, expliquait le chanteur. Il y a beaucoup de Babacar ici et cela nous touche beaucoup car les Sénégalais se sont dit, nous ne sommes pas seuls dans cette bataille. (...) Avec cette chanson, elle a élevé les consciences et l'engouement a été énorme. (...) [France] est une soeur pour nous, il faut saluer sa mémoire."
Sur l'île de N'Gor où France Gall a retrouvé un second souffle après la perte consécutive de son compagnon et de leur fille, elle a ouvert un restaurant qui fait vivre de nombreux habitants. Des voisins ont exprimé leur peine et ont révélé à la presse que l'artiste avait payé pour la scolarité de leurs enfants. Rama, toujours dans Le Parisien, explique tout ce qu'elle doit à la chanteuse : "Elle m'a hébergée, elle m'a présenté les bonnes personnes et sans elle je ne serai pas venue en France où je suis heureuse avec mon mari et mes trois enfants."
Jane Birkin résumait parfaitement sur France Info la discrétion de France Gall sur ses engagements humanitaires : "Comme elle était très discrète et souvent mystérieuse, elle ne se vantait pas des choses qu'elle faisait. C'était vraiment quelqu'un de tout à fait charmant pour ça. Et je pense qu'on va découvrir, à mesure que les gens parlent d'elle, à quel point elle faisait les choses en douce. Je savais juste que, en effet, en Afrique, elle faisait des choses, menant ses batailles avec la douceur et ce joli sourire. Je n'arrive pas à l'imaginer morte. C'est vraiment une grande tristesse."