Gabriel Attal, plus jeune Premier ministre de l'Histoire de la Ve République, a constitué son nouveau gouvernement en deux temps. Si les premiers noms ont été désignés quelques heures après sa nomination officielle, certains ministères restaient encore inoccupés. Gabriel Attal a d'ailleurs profité de ces nouvelles annonces pour remplacer Amélie Oudéa-Castéra au poste de ministre de l'Education nationale. Celle qui est toujours ministre des Sports a payé cher ses déclarations au sujet de la scolarisation de ses enfants.
C'est Nicole Belloubet qui a finalement été désignée comme nouvelle ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse, près de quatre ans après avoir quitté son poste de Garde des Sceaux, auquel elle avait succédé à François Bayrou. Et les ex-ministres de la Justice ont encore un point commun, ils étaient pressentis à la place dont a finalement hérité Nicole Belloubet.
La rumeur a longtemps couru (et avec insistance) avant que Gabriel Attal ne fasse officiellement les nominations. François Bayrou, maire de Pau, était en passe d'hériter du ministère de l'Education nationale. Des discussions ont eu lieu. Et si cette nomination ne s'est pas concrétisée, c'est parce que les désaccords avec Gabriel Attal étaient beaucoup trop importants : "Nous avons fait le constat d'une différence d'approche sur l'école", a-t-il précisé dans une interview accordée à Paris Match ce jeudi 15 février. "L'idée que la solution serait dans une séparation dès le collège entre les 'faibles' et les 'forts', je ne crois pas que cela marchera. Tous les professeurs le savent : bien sûr, il y a des élèves qui n'ont pas le même niveau dans les classes, pourtant la vocation d'un enseignant, c'est de les faire avancer ensemble, chacun à son rythme !"
Néanmoins, François Bayrou indique que malgré ce revirement de situation, il garde un profond respect pour Gabriel Attal : "C'est un jeune homme très talentueux. Beaucoup de qualités, d'expression et de charme, de capacité de conviction. Je suis sûr que nous partageons des idéaux, même si nous n'avons pas un parcours de vie semblable. Il veut réussir et il a raison, dans cette circonstance incroyable d'être le plus jeune Premier ministre que la France ait connu. Le dialogue que j'ai avec lui est facile et je crois sincère. Je vois sa motivation et j'essaie de lui faire partager à la fois mes inquiétudes et mon engagement."
Passer à deux doigts d'une telle nomination peut être source d'amertume et de déception. Ce n'est pas le cas de François Bayrou : "Mon idée était de n'accepter un ministère que dans un secteur difficile et en crise profonde. J'en avais identifié deux : l'éducation, avec la crise de confiance, si lourde, dont l'école souffre aujourd'hui ; et la question démocratique, les rapports entre citoyens et pouvoirs, entre ceux qui se battent en bas et ceux qui décident en haut."
L'ancien député européen de 72 ans admet que "cela n'aurait pas eu de sens" d'accepter une autre opportunité : "Nous n'avons pas pu nous mettre d'accord sur ces sujets [...] Je ne cherche pas de galons, je ne fais pas carrière, je veux m'occuper de l'essentiel. Mon engagement, c'est la crise de la France depuis plus de 20 ans. Et, aujourd'hui, même de l'Europe de l'Occident." S'il n'a pas décroché les ministères espérés, François Bayrou n'a rien perdu de sa détermination.
L'intégralité de l'interview de François Bayrou est à retrouver dans le numéro du 15 février 2024 de Paris Match