Le scoop de Closer publié le 10 janvier sur la supposée romance de François Hollande et Julie Gayet n'a pas seulement soulevé des questions sur la protection de la vie privée du président ou sur l'avenir du couple qu'il forme avec Valérie Trierweiler. Beaucoup se sont inquiétés de voir le président quasi seul à scooter, accompagné d'un unique garde du corps dont la mission était, dans ce cas présent, surtout d'apporter les croissants. Nos confères dressent le portrait d'un François Hollande qui a bien du mal à se faire aux protocoles de sécurité qu'exige sa fonction. Celui qui fut son chauffeur et garde du corps attitré durant dix ans à Solférino, Rachid Kasri, s'est longuement confié au magazine Charles sur son ancien patron, "François", qu'il connaît "par coeur". Hasard du calendrier, l'interview réalisée en octobre 2013 sort ces jours-ci, en pleine tempête Gayet, alors que Rachid Kasri a de nouveau été appelé au service du président.
Sortir sans être vu
Journaliste politique au Journal du dimanche, Cécile Amar publie chez Grasset Jusqu'ici tout va mal dans lequel elle revient sur les premiers mois à l'Élysée de François Hollande. En ouverture de l'ouvrage, l'inquiétude de François Hollande. À peine élu, il demande à ses collaborateurs : "Comment je sors sans qu'on me voie ?"
En mars 2012, il demandait déjà s'il pourrait continuer à faire du scooter. Selon le protocole du Groupe de sécurité de la présidence de la République (le GSPR), c'est possible... À condition que le scooter présidentiel soit escorté par deux voitures et deux motos. Un dispositif qui n'a pas toujours été respecté, comme le montrent les photos de Closer et comme l'a confirmé l'auteur des clichés.
Le magazine Charles, dont le dernier numéro dresse un large portrait du président, publie la longue interview de Rachid Kasri. Chauffeur, garde du corps et confident de François Hollande durant dix ans, jusqu'à son arrivée à l'Élysée où la responsabilité de sa sécurité échouait logiquement au GSPR. Le papier est notamment illustré par deux photos de Rachid Kasri et François Hollande sur un scooter. Ce deux-roues, écrit Éric Pelletier sur L'Express.fr, est un vrai symbole hollandien : "Depuis trente ans, [il] file et se défile en deux-roues. Le Corrézien a toujours adoré se glisser dans les bouchons, se garer discrètement, ne rendre de comptes à personne sur ses rendez-vous politiques ou privés [...] Aujourd'hui, il retrouve ce mode de locomotion pour préserver, pense-t-il, le secret. Une manière de renouer avec cette liberté dont il n'a toujours pas fait le deuil."
"François, c'est pas son truc"
Rachid Kasri confirme. Le chauffeur décrit sa voiture comme le deuxième bureau de François Hollande, mais il dit aussi : "Des fois, il décidait de rentrer en scooter tout seul. Il adorait ça, mais je n'étais pas tranquille. Comme quand il partait à pied, de Solférino à la Documentation française, à l'Assemblée, sur les quais, à la librairie Julliard... Je n'étais pas tranquille." Car depuis l'agression au couteau de Bertrand Delanoë en 2002, on se méfie. Le ministère de l'Intérieur propose à Hollande un officier de sécurité, ce qu'il a toujours refusé. "C'est clair, François, c'est pas son truc", résume Rachid Kasri. La GSPR a même eu bien du mal à faire asseoir le président à l'arrière droite du véhicule présidentiel comme l'exigent les mesures de sécurité. Hollande avait l'habitude de s'asseoir devant, à côté de Rachid.
"Des fois encore, j'ai peur pour sa sécurité parce que le GSPR, ils ont de l'expérience mais pas urbaine", raconte Rachid Kasri qui pense à l'incident du Bourget avec les Femen, le 21 juin 2013. "Nous, avec François, on n'a jamais été dans des trucs 'nettoyés', dans des visites toutes préparées et sécurisées. Quand on était en campagne, on a fait tous les quartiers sensibles. [...] Le truc, avec le GSPR, c'est qu'il ne le connaissent pas. Moi, j'ai mis dix ans à le comprendre."
Alors qu'aux États-Unis, Barack Obama doit se soumettre aux règles de sécurité que lui imposent les services secrets, en France, le président donne le la. Pour Eric Pelletier de L'Express, au fil des mois, François Hollande a pris quelques libertés. Le président connaît tous les accès (et sorties) de l'Élysée et "se méfie des gardes du corps issus de la police. Il est persuadé qu'ils rendent des comptes à leurs supérieurs dans une institution marquée par dix années de sarkozysme", écrit notre confrère.
"J'étais au courant pour Valérie Trierweiler"
Rachid Kasri a été d'une grande discrétion, rechignant même à pénétrer dans l'appartement de son patron quand celui-ci lui demandait d'aller y chercher ses bagages. À son propos, Le Point écrit : "Rachid Kasri, son chauffeur historique, celui qui le couvrait quand il allait secrètement rejoindre Valérie Trierweiler alors qu'il était en couple avec Ségolène Royal." L'intéressé explique dans Charles : "Bien sûr que j'étais au courant de la relation avec Valérie Trierweiler. Mais finalement, je ne garde rien du tout, parce qu'il n'y a rien. En fait, ça ne me regarde pas, sa vie privée. Moi, je le conduis juste où il veut et il m'aimait bien pour ça aussi."
Aujourd'hui rattaché à la sécurité du siège du PS rue de Solférino, Rachid Kasri dit avoir tourné la page de ses années de chauffeur : "J'attends une nouvelle affectation en interne et je me verrais bien conseiller en déplacement plus tard... Je suis bien ici... Sauf si le grand manitou m'appelle." Et le grand manitou, en plein scandale peopolitique, a justement rappelé Rachid Kasri à ses côtés. Mais pourquoi ?
"Mon taf l'a conduit jusqu'à l'Élysée", les confidences de Rachid Kasri à lire en intégralité dans le magazine Charles, spécial Hollande, paru le 8 janvier 2014.
"Jusqu'ici tout va mal" de Cécile Amar, paru chez Grasset, janvier 2014.