Si son nom ne vous dit rien, Franziska van Almsick est une star en Allemagne. A 36 ans, la belle et jeune retraitée affiche en effet un des plus beaux CV de la natation, avec plusieurs médailles olympiques et mondiales. Une magnifique carrière faite de très hauts mais de beaucoup de bas, entre un accident de la route et une pression médiatique étouffante. Aujourd'hui consultante télé outre-Rhin, elle revient sur cette période dans les pages de L'Equipe.
Reine de la natation au début de la décennie - elle est médaillée aux JO de Barcelone en 1992 à 14 ans seulement - Franziska van Almsick voit son destin basculer quelques années plus tard. D'abord en 1996, avec une médaille d'argent "seulement" aux JO d'Atlanta, alors que toute l'Allemagne attendait l'or, avant qu'un terrible accident de la route ne l'éloigne des bassins un an plus tard. "Je suis tombée très bas quand j'ai eu mon accident de moto et que je me suis cassé le poignet, reconnaît-elle aujourd'hui. Après ça, ça a été vraiment difficile de revenir, j'ai eu des problèmes de dos", se souvient l'amie de Charlene de Monaco.
Alors que la "vie était belle" pour elle, Franziska van Almsick commence à s'interroger sur son avenir après son accident. Comme beaucoup de grands sportifs - et peut-être encore plus chez les sportives à cette époque - le revers de la médaille est dur à encaisser car c'est toute une machine médiatique qui l'attend chaque jour un peu plus au tournant. "J'ai commencé à me poser des questions existentielles. Est-ce que ça, c'est la vraie vie ? Etre tout le temps observée, scrutée, jugée ? Le lundi, j'étais la femme la plus populaire d'Allemagne. Le mardi, j'étais devenue trop grosse. Le mercredi, je disais quelque chose de vraiment stupide à la télé. Mais le jeudi, j'étais à nouveau le poisson en or (Goldfish, un ses surnoms, NDLR)", se souvient celle qui connaît désormais les rouages des médias pour travailler à la télé.
Pour Franziska van Almsick, les nageurs ont d'ailleurs toujours droit à plus d'indulgence que leurs homologues féminines question physique. "Michael Phelps, ce n'est pas vraiment une beauté, non ? Il n'est pas non plus le plus intelligent des nageurs ! Mais c'est un champion et il est populaire quand même", note l'ex-nageuse, repartie avec une médaille de bronze aux JO d'Athènes en 2000, un gros échec pour la presse à l'époque. Loin des épreuves, c'est en 2002 que Franziska van Almsick connaît son moment de gloire. Sur ses terres allemandes, à Berlin, elle revient dans la lumière en remportant le 200m avec un record du monde au passage. "La plus grande émotion de ma vie de nageuse", se rappelle "Franzi".
Après un échec aux JO d'Athènes en 2004 - 5e sur 200m -, Franziska van Almsick débute une nouvelle vie loin de la natation. Et comme d'autres champions avant elle, la nageuse va avoir du mal à faire le deuil des bassins. "C'est impossible de ne rien ressentir quand vous vous arrêtez, pense-t-elle. Vous n'êtes plus personne. C'est difficile, il faut trouver sa voie et vous ne pouvez pas mentir". Elle évoque ainsi Camille Muffat, qui vient d'arrêter sa carrière et le cas Ian Thorpe, qui a récemment fait son coming-out après avoir sombré dans la dépression, qu'elle "comprend". "Il avait un secret en lui et tellement attendu pour le dire, il avait peur du regard des autres, de leur jugement", analyse l'ex-nageuse qui a depuis retrouvé la belle vie avec son homme, l'entrepreneur Jurgen B. Harder et leurs deux garçons : "Je suis heureuse, j'ai une famille et je ne veux rien changer. C'est parfait". Un bonheur qui vaut aujourd'hui toutes les médailles d'or...