Serial noceur, fêtard notoire et ambianceur de soirées, Frédéric Beigbeder est aussi connu pour sa bonne humeur et son côté bon vivant que pour ses livres et ses films à succès. On connaît en revanche moins bien le père de famille... Dans Le Figaro Magazine, le jeune quinquagénaire se livre à coeur ouvert sur la paternité. L'auteur de 99 Francs et de L'amour dure trois ans dit tout, sans pincettes.
Il s'épanche très largement sur ses deux filles qui lui ont "indiqué le chemin, pas l'inverse". L'écrivain, critique et réalisateur dit avoir "eu de la chance". "Pour moi, la paternité, c'est deux choses : 1) c'est ce qui a donné un sens à ma vie depuis dix-huit ans ; 2) c'est ce qui m'empêché de mourir", lâche Beigbeder qui n'hésite pas à dire qu'il se "prenait pour Kurt Cobain", avec qui il avait le point commun d'avoir lui aussi une fille, Chloé, qui aura 18 ans cet été. "Mais contrairement à lui, je ne me suis pas suicidé. (...) Père est un job dont on n'a pas le droit de démissionner."
Je ne suis pas fier de ne pas avoir été capable de rester avec la mère de mon aînée
L'artiste de 51 ans est également franc sur ses histoires, et notamment avec la mère de Chloé, Delphine Valette. "Je ne suis pas fier de ne pas avoir été capable de rester avec la mère de mon aînée, assure l'auteur. Comment éduquer une fille quand on soi-même tout fait pour rester infantile ?" En se comparant à Octave Parengot, son alter-ego de fiction dans 99 Francs, Beigbeder dit avoir "tout de même essayé d'être à la hauteur de l'enjeu" et d'être "digne" de ses filles.
"Ai-je été un bon père ?", s'interroge-t-il. Se définissant comme "un égoïste romantique", "parfois absent ou inconséquent, maladroit ou simplement idiot", le papa dit avoir "fait de son mieux". "J'ai fait des câlins et des bisous, j'ai travaillé pour que mes filles aient une maison propre et une nourriture saine, qu'elles partent en vacances au soleil – ce genre de choses qu'elles tiennent pour acquises m'ont demandé beaucoup d'efforts", certifie-t-il.
Une implication qu'il a dû renforcer encore au départ de Delphine Vallette. "Je me suis obligé à m'en occuper seul, d'abord un week-end sur deux, puis une semaine sur deux dès que j'en obtins la garde alternée", raconte-t-il. Et d'ajouter : "Paradoxalement, le divorce m'a permis de m'en occuper davantage que si j'avais vécu avec elle 100% du temps. Ses belles-mères successives pourraient ici témoigner ; le problème, c'est qu'elles ne me parlent plus."
Je sais que je n'ai pondu que deux chefs-d'oeuvres, et qu'ils ne sont pas en papier
Sans fard, il avoue ses torts, même infimes, comme celui, "par flemme", d'avoir "laisser l'enfant jouer à son vidéo ou regarder Harry Potter pour ne pas avoir à s'en occuper en dehors des repas". Mais c'est fièrement qu'il vante ses filles, l'aînée qui va passer son bac, le "surpasse dans beaucoup de domaines" et "veut faire du cinéma comme Sofia Coppola", comme la petite, Oona (1 an et demi) fruit de ses amours avec Lara Micheli, qui "vient d'apprendre à dire son prénom". "Moi, je sais que je n'ai pondu que deux chefs-d'oeuvre, et qu'ils ne sont pas en papier", ironise-t-il.
Quid d'un troisième ? Frédéric Beigbeder se fait encore cash. "J'espère que l'adage 'jamais deux sans trois' ne passera pas par moi, mais en réalité, le fait d'écrire cette phrase prouve que je suis déjà préparé au pire", conclut-il avec malice.
Article à retrouver en intégralité dans Le Figaro Magazine, supplément des 2 et 3 juin 2017.