Gérald Darmanin a pu répondre longuement aux accusations de sexisme et de misogynie depuis son interview avec Apolline de Malherbe il y a deux jours. Tout était parti d'une question de la présentatrice qui demandait au ministre de l'Intérieur si l'exécutif ne s'était pas "réveillé un peu tard", avec l'annonce par Emmanuel Macron d'une loi sur la sécurité intérieure dans les derniers mois du quinquennat, alors que les chiffres de 2021 montrent une hausse des atteintes aux personnes. Cette fois, l'homme politique de 39 ans était l'invité de Ruth Elkrief sur LCI ce 10 février 2022 et l'émission est revenu en premier sur cet échange plus que tendu. S'il regrette avoir pu offenser et précise qu'il a personnellement téléphoné à Apolline de Malherbe à la suite de cette altercation, il persiste et signe sur le fait que ses paroles n'étaient pas, selon lui, misogyne et sexiste, mais proportionnelles à l'agressivité qu'il a ressentie.
"J'aurais pu vous dire, sur un ton ironique, 'est-ce que vous êtes calme ?' 'calmez-vous', mais je trouve que c'est beaucoup plus grave que ça. (...) Vous lui avez dit, ça va bien se passer, à trois ou quatre reprises. Ça a beaucoup choqué, ça a indigné, à la fois des femmes, des journalistes, des femmes journalistes, des Françaises, des Français. Est-ce que ce soir, vous dites je m'excuse ?", commence par dire l'animatrice du show Ruth Elkrief, visiblement solidaire de sa consoeur avec qui elle a collaboré sur BFM, demandant, en toute sérénité, des explications.
Face à cela, Gérald Darmanin a voulu d'abord expliquer à quel point il avait trouvé la façon de faire de sa consoeur Apolline de Malherbe "agressive" et assure l'avoir appelée à la suite de l'entretien. Il reconnaît que rester calme aurait été certainement une meilleure solution mais insiste sur le fait qu'il n'y avait aucune attaque personnelle : "C'était une interview, manifestement tendue, qui empêchait de parler du fond, sans doute des deux côtés. On a échangé tout à l'heure, on a convenu de se voir la semaine prochaine. Evidemment, si quelqu'un se sent blessé, je le regrette profondément. Mais il ne faut pas non plus à chaque fois chercher le buzz. Il ne faut pas se dire quand on est un homme ou une femme qu'on doit accepter sans cesse, d'être agressé, caricaturé."
Selon le ministre de l'Intérieur, l'expression "ça va bien se passer" est une expression populaire, qu'il a souvent utilisée face à des hommes notamment - comme a pu le souligner l'ancien Premier ministre Edouard Philippe dans C à vous. Ce à quoi Ruth Elkrief explique que, pour les femmes, c'est une expression "très violente", ajoutant que son ton était condescendant, sexiste et misogyne. Du point de vue de l'homme politique, "ce qui [son] avis sexiste et misogyne, c'est de considérer que lorsqu'on a un interlocuteur, selon que ce soit une femme ou un homme, on doive utiliser des mots différents".
A la question des regrets, Gérald Darmanin détourne sa réponse pour faire une critique des médias et des chaînes d'infos en continu qu'il accuse de caricaturer la politique et de faire monter les extrêmes, refusant de reconnaître de la misogynie ou du sexiste dans ses paroles : "Je le dis encore une fois, si j'ai offensé quelqu'un, je le regrette bien volontiers. Les hommes et les femmes politiques font de leur mieux, quelque soit leur bord, Les tons agressifs, les procès inquisitoires, et peut-être un minimum de respect qu'on est en droit d'attendre c'est aussi le cas des hommes et des femmes qui servent la nation." Selon lui, il aurait parlé de la même façon à un journaliste masculin et ajoute qu'il reviendra sans problème de nouveau répondre à une interview d'Apolline de Malherbe. Mais il refuse de participer à du buzz médiatique : "Faire des millions de vues sur Twitter, ce n'est pas ma conception de la politique."
Selon les indiscrétions de RTL, l'attitude du ministre de l'Intérieur face à la journaliste aurait également "fortement déplu" au président de la République. En coulisses, il serait entré dans une colère noire. Emmanuel Macron se prépare en effet pour les élections présidentielles qui ont lieu dans deux mois et il se serait bien passé d'une polémique concernant l'un de ses ministres majeurs.