Depuis mardi 13 octobre 2020, Gilbert Rozon est jugé par le tribunal de Montréal pour viol et attentat à la pudeur - deux chefs d'accusation retenus contre lui en décembre 2018 -, à la suite de la plainte d'une femme dont l'identité a été préservée à la demande de la juge Mélanie Hébert, pour des faits survenus en 1980. Le producteur plaide non coupable et doit témoigner à son tour.
Comme le rapporte le site de Radio-Canada, le procès de quatre jours - et une journée de plus en novembre si besoin - de Gilbert Rozon a donc commencé. Le célèbre producteur de 65 ans, fondateur du festival Juste pour rire et ancien juge de l'émission La France a un incroyable talent, est notamment accusé de viol par une femme désormais âgée de 60 ans. Lors de l'audience, sans jury, la victime supposée a livré son récit en donnant des détails précis. Selon elle, l'agression serait survenue après une soirée dans une discothèque de Saint-Sauveur lors de laquelle elle avait passé du temps avec Gilbert Rozon, rencontré auparavant dans une radio locale. Elle était alors étudiante.
Après la soirée, le producteur aurait voulu la raccompagner en voiture et aurait tenté une première approche en lui proposant de l'embrasser. Premier refus. Gilbert Rozon aurait ensuite fait un saut chez sa secrétaire sur le chemin pour récupérer des papiers et, une fois dans la résidence, "il se serait alors jeté sur elle, en mettant la main dans son décolleté et en tentant de l'embrasser", peut-on lire. Second refus et geste de recul de la plaignante, qui dit être tombée au sol. Après une nouvelle tentative de glisser sa main sous sa jupe, le producteur aurait laissé tomber ses avances. Prétextant la fatigue, il aurait refusé de reprendre la voiture pour la ramener chez ses parents et lui aurait proposé une chambre de la résidence.
Couchée seule, elle se serait finalement retrouvée avec Gilbert Rozon allongé sur elle au petit matin et, malgré sa tentative pour se débattre, c'est à ce moment-là qu'il l'aurait violée alors qu'elle était à bout de forces. "Je me souviens de l'oppression. Je me souviens de la fenêtre, qui était à droite du lit, parce que c'est ce que je regardais pendant la pénétration. C'est pas consenti, c'est juste trop, j'ai pas la force. C'est grouille-toi, qu'on en finisse", a-t-elle relaté.
Lors de l'audience, l'avocate de Gilbert Rozon a avancé une autre version des faits : elle accuse au contraire la plaignante d'être elle-même allée dans la chambre du producteur, où elle l'aurait réveillé lui en s'allongeant à ses côtés.
L'homme d'affaires nie les faits reprochés, il a d'ailleurs plaidé non coupable. Il doit prendre à son tour la parole pour détailler sa relation avec la victime supposée et ses souvenirs de cette soirée vieille de quarante ans.
Gilbert Rozon a été accusé d'agressions sexuelles par plusieurs femmes, y compris la célèbre animatrice Julie Snyder, depuis octobre 2017. Mais la justice n'a retenu qu'une seule plainte contre lui, sur les quatorze qui avaient été déposées. Une vingtaine de femmes se sont unies sous le collectif Les Courageuses et avaient entrepris un recours contre lui, exigeant toutes, en se disant victimes du producteur, un dédommagement financier. "Après avoir été autorisé par la Cour supérieure du Québec, le recours a été rejeté par la cour d'appel en janvier dernier", précise Radio-Canada.
Gilbert Rozon reste présumé innocent des faits reprochés jusqu'au jugement définitif de cette affaire.