Depuis le 5 janvier, TF1 cartonne tous les mercredis soirs avec la diffusion de la saison 6 de Grey's Anatomy. Meredith Grey, docteur Mamour et leurs acolytes du Seattle Grace rassemblent en moyenne plus de 6 millions de téléspectateurs par épisode. Pari réussi donc pour cette 6ème saison qui annonçait de nombreux changements à la plus grande crainte des fans ! Avec le départ de deux piliers de la série : Katherine Heigl et T.R. Knight (respectivement Izzie Stevens et George O'Malley), Shonda Rhimes, la scénariste était attendue au tournant. Que l'on se rassure avec une telle audience, force est de constater que le public reste fidèle à la série !
Débarquée sur nos écrans en 2006, Grey's Anatomy raconte les aventures "hospitalo-amoureuses" de Meredith Grey, interne au Seattle Grace Hospital et de ses camarades d'internat. On les voit se confronter au monde difficile de l'hôpital sur fond de compétitions, d'amitié et de jeux de séduction entre internes et titulaires (classique... !). Jusque là, rien d'incroyable, et pourtant la série cartonne dès la première diffusion.
Une belle longévité donc pour Grey's Anatomy (une 8ème saison a d'ailleurs été commandée par ABC aux États-Unis) qui fait pourtant face à une forte concurrence de la part de Mentalist ou Dr House. Retour sur les raisons d'un succès, autopsie de la recette Grey's Anatomy !
Pourquoi une telle addiction, docteur ?
Ce triomphe n'est pas anodin ! A l'instar de ses grandes soeurs Urgences, Dr House ou Scrubs, la série a su reprendre les codes garantissant le succès des séries médicales tout en innovant. Diagnostic d'un savant dosage.
Une dose de crédibilité et une totale incompréhension des dialogues ! Avouons-le entendre docteur Mamour hurler NFS, chimie, Iono ça fait son petit effet. Avouons quand même aussi qu'on n'y comprend rien ! Et pourtant ces dialogues réalistes du monde médical nous fascinent, nous estimant vite capable de diagnostiquer n'importe quelle maladie - Un lupus, dites-vous ? Impossible d'après House ce n'est jamais le lupus.
Une bonne dose d'exagération ! En d'autres termes, il faut du réalisme mais pas trop ! En témoignent le nombre et l'extravagance des cas des hôpitaux américains. Une petite visite dans n'importe quel CHU français s'impose, pas sûr d'y trouver rebondissements en séries, tension permanente, transplantations par hélicoptère et autres réanimations de patients venus pour une simple appendicite (assez inquiétant d'ailleurs...).
Tant d'actions, de malades et de trachéos qui nous font penser que 5 médecins et 10 internes suffisent à faire tourner le Seattle Grace ! Et ils sont tous beaux s'il vous plait, parce que oui, le médecin américain EST beau (et sexy !). Pour jouer ce rôle totalement crédible, les chaines embauchent des acteurs peu connus (cf. George Clooney dans Urgences, ou Hugh Laurie) voire carrément has been (cf. Patrick Dempsey) mais au potentiel charismatique fort et qui sauront incarner à merveille le mythe de la blouse blanche. Et les faits sont là : on craque !
Une bonne dose d'humour ponctuée de réflexion ! Au travers des cas sont habilement dissimulées des questions d'éthique telles l'avortement ou l'euthanasie, des questions graves qui amènent le téléspectateur à s'interroger. Les séries ne doivent cependant pas oublier leur rôle principal : divertir. Elles mettent alors en avant des personnages forts tels Cristina Yang (Sandra Oh) ou Dr House (Hugh Laurie) dont le cynisme et l'absence totale d'empathie sont à mourir de rire. En même temps, il n'a pas tort : "On va quand même pas opérer des gens vraiment malades qui risquent de mourir et bousiller les chiffres". Surtout que dans les séries américaines, l'échec semble proscrit !
La valeur ajoutée de Grey's : faire du "médico-sentimental"
Contrairement à Urgences qui accordait un rôle principal à l'hôpital, Grey's Anatomy lui donne une place secondaire et privilégie les histoires de coeur et les réflexions philosophiques (voire soporifiques) de Meredith Grey : "Chaque personne qu'on s'autorise à aimer, est quelqu'un qu'on prend le risque de perdre ! ". Et c'est ce qui plait puisque les histoires d'amour représentent au final 80% de la série !
Le décor de l'hôpital est parfait car il exacerbe les émotions et les sentiments des personnages, se trouvant souvent en position de vulnérabilité. Notre empathie naturelle se charge du reste.
Quand la fiction rattrape la réalité
Niveau coulisse, on se croirait aussi dans une série américaine. On est loin de l'entente cordiale des photos promos... Dès 2007, le scandale éclate lorsque l'acteur (Dr Preston Burke) tint des propos homophobes à l'encontre de son partenaire homosexuel T.R. Knight. La sanction est immédiate, il sera exclu de la série mais la mauvaise ambiance persiste. On parle notamment de tensions entre les acteurs, chacun souhaitant mettre en avant son personnage. C'est ce qui poussera d'ailleurs T.R. Knight à quitter la série estimant son personnage être arrivé "en bout de course". Départ auquel il faut ajouter celui de Katherine Heigl à la fin de la saison 6, dont le personnage Izzie Stevens était particulièrement apprécié des fans ; mais un départ bien perçu par l'équipe - en témoignent les propos de Patrick Dempsey. Pas de langue de bois donc et une rivalité bien consommée entre les acteurs qui fait le buzz et permet à la série de perdurer dans les médias et dans l'esprit des fans.
Un succès sans fin ?
Deux saisons de la série aux multiples récompenses sont à venir et la saison 7 promet : un épisode musical pour surfer sur la vague Glee puis un épisode en temps réel où l'on suivra Meredith à la direction des urgences pendant une heure. Ajoutez à cela du sang neuf avec Jesse Williams ou Kim Raver et un départ quasi officialisé de Patrick Dempsey, la série risque encore de nous surprendre !
Entre passions, rires et drames, Grey's Anatomy a su trouver le parfait dosage pour s'imposer sans lasser : des histoires rocambolesques à la Desperate Housewives, le cynisme de House, un fond médical à la Urgences, et une B.O tout droit sortie des Frères Scott ! Un savant mélange qui fait de Grey's Anatomy une série singulière, attachante et complètement envoûtante. Une formule que les Français ne semblent pas maitriser, on se souviendra du flop total engendré par L'hôpital diffusé sur TF1, racontant la vie de jeunes internes à l'hôpital, à la française... !
Que les fans se rassurent, les séries médicales ont un bel avenir devant elles. Après le spin off Private Practice autour du personnage d'Addison Montgomery (Kate Walsh), Shonda Rhimes lance Off the map aux États-Unis qu'elle qualifie de "Grey's Anatomy dans la Jungle".
Un concept qui semble déclinable à l'infini. Attention tout de même à ne pas nous lasser !
V.M.