Deux mois après avoir accusé le chef étoilé de tentative de viol, Florence Châtelet Sanchez a finalement déposé une plainte pour "viol et agression sexuelle" à l'encontre de Guy Martin, le 27 novembre 2020. Une information confirmée mardi par le journal Libération, auquel la présidente la société By Dehesa (qui fournit des produits artisanaux de qualité à plus de 450 étoilés) a accordé une interview. Un entretien durant lequel elle est revenue sur son agression présumée, au sein même du célèbre Grand Véfour.
Les faits se seraient produits en 2015, au premier étage du restaurant gastronomique dont Guy Martin est le propriétaire depuis neuf ans. "Je ne l'avais jamais rencontré mais je travaillais déjà pour son groupe, notamment pour le Cristal Room [un restaurant du XVIe arrondissement de la capitale, NDLR], raconte Florence Châtelet Sanchez. S'il avait tenté de me séduire, même maladroitement, je n'aurais pas porté plainte. Mais là, c'était l'acte de quelqu'un qui voulait juste sa viande et qui ne s'est jamais excusé." La quadragénaire a mis du temps avant de pouvoir raconter ce qui lui serait arrivé, un "processus long et complexe" à l'issue duquel elle espère reconstruire son "identité de femme".
Dans un long récit publié sur le site spécialisé Atabula, le 29 septembre dernier, Florence Chatelet Sanchez avait raconté que Guy Martin l'aurait embrassée de force à la fin de leur entretien, alors qu'ils étaient seuls à l'étage du restaurant : "Il se lève le premier, je fais de même, et c'est là qu'il me plaque au mur juste avant que je ne puisse ouvrir la porte. Il me retourne et m'embrasse sur la bouche. Une de ses mains se colle contre ma poitrine, tandis que l'autre essaie brutalement de me déshabiller. Il n'y a aucune ambiguïté sur ce qu'il cherche à faire : il tente de me violer. J'ai alors eu le réflexe de lui mettre un coup de genou entre les jambes qui l'oblige à me lâcher."
Arrivée en bas devant le personnel de salle, la cheffe d'entreprise en est certaine, tous savaient ce qu'il se venait de se passer. "J'ouvre la porte du restaurant et m'échappe sans être capable de décrocher le moindre mot." Dans les jours qui ont suivi, la société By Dehesa a été "déréférencée" des restaurants de Guy Martin.
Contacté par le journal Libération, Guy Martin a affirmé ne pas être au courant de la plainte et n'avoir "aucune déclaration à faire". En septembre dernier, auprès d'Atabula, le chef étoilé de 63 ans s'était dit "droit dans ses bottes" et avait assuré n'avoir rien à se reprocher. La police doit maintenant mener son enquête.
Dans le sillon du mouvement #MeToo, les langues se délient au sein de la tant renommée gastronomie française. Toujours auprès de Libération, Florence Chatelet Sanchez a commenté le suicide du chef parisien Taku Sekine, fin septembre, après qu'il ait été accusé d'une tentative de viol. "Les témoignages de femmes ont nettement baissé à la suite du décès de Taku Sekine. C'est aussi pour cela que je porte plainte, pour que le mouvement #MeToo, qui dans les cuisines n'en est qu'à ses balbutiements, ne s'arrête pas."
Guy Martin reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'à la clôture définitive du dossier.