Le cinéaste iranien dissident Jafar Panahi a été arrêté lundi 11 juillet 2022 à Téhéran selon l'agence de presse locale Mehr, rapporte l'AFP. Il est en principe interdit de tourner dans son pays, mais primé dans les plus grands festivals européens. Cette arrestation a eu lieu à son arrivée au parquet de Téhéran pour suivre le dossier d'un autre réalisateur, Mohammad Rasoulof, détenu depuis vendredi 8 juillet.
Jafar Panahi, 62 ans, avait été condamné en 2011 à six ans de prison pour "propagande contre le régime", après avoir soutenu le mouvement de protestation de 2009 contre la réélection de l'ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad à la présidence de la République islamique. Il avait aussi été condamné à 20 ans d'interdiction de réaliser ou écrire des films, voyager ou s'exprimer dans les médias. Détenu pendant deux mois en 2010, il vivait sous un régime de liberté conditionnelle pouvant être révoqué à tout instant. En 2011, il a réussi à faire parvenir en Europe un "journal de bord" de sa vie de reclus, filmé dans des conditions semi-clandestines, et intitulé ironiquement Ceci n'est pas un film.
Quand le festival berlinois l'a consacré en 2015 pour un film tourné clandestinement, Taxi Téhéran, les conservateurs iraniens ont fulminé. Il n'a pas pu sortir du pays pour venir chercher son Ours d'or. Son film Trois Visages avait été primé pour son scénario en 2018 au festival de Cannes. M. Panahi s'était félicité que le cinéma iranien soit toujours "vivant et dynamique" avec la présence des films "de deux cinéastes iraniens", l'autre étant Asghar Farhadi. "Très clairement, cela ne plaît pas à ceux qui veulent la mort du cinéma indépendant iranien", prêts selon lui "à toutes les menaces", ajoutait-il. Les films de Jafar Panahi, qui auscultent les injustices sociales ou la place des femmes en Iran, suscitent habituellement un vif intérêt à l'étranger.
La Mostra de Venise, doyen des festivals de cinéma, a demandé dès le lendemain "la libération immédiate" du cinéaste et opposant iranien Jafar Panahi interpellé à Téhéran.