C'est une Isabelle Adjani (62 ans) "renaissante", enchaînant projet sur projet, que Gala met à l'honneur dans son dernier numéro. L'actrice s'affiche resplendissante à souhait en couverture, et se dévoile libérée et heureuse en interview. Dans celle-ci, elle est revenue sur son rapport au corps, elle qui trouvait qu'adolescente le sien était "maladroit", mais aussi à la féminité, elle qui n'en discutait pas avec sa mère.
"J'étais une amoureuse romantique, je vivais dans l'imaginaire, ce qui m'a valu au lycée un surnom top : 'la bonne soeur'", ironise-t-elle. Ce corps, elle le met pourtant en scène pour le cinéma à l'âge de 16 ans. Alors forcément, on lui demande si elle était une proie idéale. "Je n'ai pas vécu le pire, comme certaines – la chance, l'instinct... j'avais une peur des hommes qui a dû m'aider à esquiver le danger – mais pourtant je l'ai ressenti", répond celle qui se félicite par ailleurs de la libération de la parole et en profite pour dézinguer Catherine Deneuve et les signataires de la tribune sur la liberté d'importuner, qu'elle juge "infamante".
Pourtant, Isabelle Adjani a elle aussi été victime. "Le 'frotteur dans le métro', il m'est tombé dessus quand j'avais quinze ans, et les sensations avilissantes que j'avais éprouvées ne se sont pas effacées", raconte-t-elle. Mais la violence physique, l'agression sexuelle, elle ne la connaîtra jamais. "J'ai connu la maltraitance psychologique, ça oui", assure-t-elle en évoquant "la perversion narcissique au quotidien", et "un père qui administrait des corrections".
Au cours de l'interview, elle évoque également sa récente transformation physique, la métamorphose d'une Isabelle Adjani qui semblait avoir retrouvé le corps qui était le sien dans L'été meurtrier en 1983. "Avant tout, je craignais pour ma santé et puis, comment continuer à supporter de paraître si on n'est pas présentable telle qu'on vous a connue, telle qu'on s'est connue soi-même", justifie-t-elle. Elle poursuit : "J'avais envie d'être bien, de me sentir bien et de m'alléger de beaucoup de choses. Je me suis dit : je ne vais pas faire de vieux os si ça continue à peser comme ça. Au sens propre comme au figuré."
Isabelle Adjani n'a donc pas cédé à la dictature de ceux qui veulent qu'un corps corresponde à des codes, mais à elle-même. "La vraie dictature se joue entre soi et soi", affirme la star qui, aujourd'hui, se sent bien mieux. "Je respecte mon corps, je l'aime", conclut celle qui est par ailleurs célibataire...
Interview à retrouver en intégralité dans Gala, en kiosques dès le 21 février 2018.
Christopher Ramoné