Dans les années 1980, Isabelle Adjani est une des actrices françaises les plus influentes de sa génération. Au sommet, elle est frappée par une terrible rumeur : on la dit atteinte du virus du sida ; elle sera même annoncée morte. Le ragot prend des proportions telles qu'elle est obligée de venir à la télévision, sur le plateau du journal de 20h présenté par Bruno Masure, pour mettre fin à ce calvaire d'intox. Dans les pages du magazine Grazia, elle revient sur ce douloureux moment de sa vie.
"Ce fut violent à vivre, j'avais l'impression de trahir ceux qui étaient vraiment malades. Parfois, je me dis qu'il est inimaginable d'avoir vécu des choses pareilles. C'est plus cinématographique que tous mes films", confie Isabelle Adjani. L'héroïne de Camille Claudel a lu le travail du sociologue Jean-Noël Kapferer sur le sujet : "Il en avait fait l'autopsie, on dira. Il avait conclu qu'un foyer FN me considérait métaphoriquement comme un corps français infecté par un corps étranger. Mes racines algériennes, du côté de mon père, devenaient un virus, à partir de cette interview où je parlais de lui... On était sans doute dans l'archéologie de ce que l'on appelle aujourd'hui la fachosphère, le spectre de la haine que l'on retrouve sur Internet."
Aujourd'hui, une telle rumeur se serait rapidement éteinte, mais à l'époque, Isabelle Adjani a beau sortir, ne pas se cacher, elle est comme invisible pour presque tous : "Jusqu'à le devenir pour une partie du corps médical, qui a contribué à propager le diagnostic délirant..." Trente ans plus tard, l'icône française a pris la décision de ne plus aborder ce sujet et a retenu une leçon : "J'aurai toujours du mal avec les tribunaux populaires, le culte actuel de la transparence, cette forme punitive de puritanisme sans fin."
C'est sur le petit écran qu'on retrouve la maman de Gabriel-Kane Day-Lewis, dans la série Dix pour cent. Dans l'épisode 4, elle joue son propre rôle et fait preuve d'humour et d'autodérision. Loin de l'image iconique que véhicule l'actrice aux cinq César.
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine Grazia du 21 avril