Jean-Louis Trintignant tourne de nouveau devant la caméra du réalisateur autrichien Michael Haneke pour Happy End, présenté en compétition au Festival de Cannes. En effet, ils avaient déjà collaboré ensemble pour Amour, Palme d'or en 2012. D'ailleurs, en interview pour L'Obs, l'artiste de 86 ans se confie sans langue de bois sur ce film majeur de sa filmographie et plus précisément sur sa partenaire, Emmanuelle Riva, décédée en début d'année.
"C'est très méchant de dire du mal quand les gens sont morts, mais elle n'était pas très sympathique. Souvent, elle se trompait, elle disait : 'Ah, c'est le machiniste qui est passé derrière pendant ma scène, il m'a gênée !' Alors on engueulait le machiniste, on n'osait pas engueuler Emmanuelle", raconte Jean-Louis Trintignant à L'Obs.
Emmanuelle Riva s'en est allée le 27 janvier à l'âge de 89 ans des suites d'un cancer. La grande dame du cinéma français a marqué les esprits avec plusieurs longs métrages dont l'incontournable Hiroshima mon amour (1959), d'Alain Resnais. Amour lui avait valu le César de la meilleure actrice en 2013, et une nomination dans la catégorie "meilleure actrice" aux Oscars. Dans Amour, elle formait avec Jean-Louis Trintignant un couple d'octogénaires et professeurs de musique à la retraite. Après l'AVC d'Anne, l'amour qui unit ce vieux tandem va être mis à rude épreuve par la dégradation de l'état de santé d'Anne, car Georges lui a promis de ne jamais la renvoyer à l'hôpital.
Malgré le caractère décrit par Jean-Louis Trintignant, le duo formé par les deux comédiens est bouleversant et conquiert les festivaliers cannois. Avec Happy End, il est attendu de nouveau sur la Croisette, ce qui ne l'enchante pas vraiment toutefois. Dans L'Obs, il n'hésite pas à dire : "Cannes, c'est une corvée. J'ai jamais aimé." Peut-être que perdure le traumatisme de Ma nuit chez Maud présenté en 1969. Durant la projection, les spectateurs gloussaient durant les scènes dans une église. C'est toutefois à Cannes qu'il a connu aussi la gloire, pour son rôle de juge dans Z de Costa-Gavras : "Je n'étais pas à Cannes ce jour-là. C'est Jacques Perrin qui est allé chercher le prix. Je trouve qu'il le méritait plus que moi."