Petit à petit, le brouillard entourant le kidnapping raté de Jacqueline Veyrac se dissipe. Depuis que la riche femme d'affaires niçoise a été retrouvée vivante mais ligotée dans un coffre de voiture, l'enquête a accéléré puisque sept personnes ont été mises en examen et cinq écrouées. Quant à la victime, elle a raconté son calvaire...
Dans cette affaire, qui a débuté le 24 octobre à Nice par le kidnapping en pleine rue de Jacqueline Veyrac, six personnes ont été mises en examen pour enlèvement, séquestration et extorsion et elles encourent la réclusion criminelle à perpétuité puisque la qualification retenue est "association de malfaiteurs en bande organisée". Une septième personne a été mise en examen et placée sous contrôle judiciaire pour non empêchement de crime. Il s'agit d'un policier à la retraite reconverti en détective privé qui aurait été informé du rapt mais n'aurait pas prévenu la police. Il encourt jusqu'à cinq ans d'emprisonnement. Cinq des intéressés ont d'ores et déjà été placés en détention.
Jusqu'ici, tous les soupçons se portent sur Giuseppe S., un restaurateur italien originaire de Turin qui aurait agi, selon les enquêteurs, par vengeance. Entre 2007 et 2009, il avait pris en location-gérance le restaurant La Réserve, à Nice, propriété de la famille Veyrac, mais l'échec avait été retentissant et la société mise en liquidation au bout de deux ans. "Il aurait eu l'intention de demander une rançon importante pour récupérer l'argent qu'il avait investi à l'époque, ce dont il tenait Mme Veyrac pour responsable", a indiqué à l'AFP une source proche de l'enquête. Autour de lui, un improbable casting d'hommes de main s'était organisé...
Ces personnes voulaient aller au bout de leur démarche
Jacqueline Veyrac, qui est aussi la gérante l'établissement 5 étoiles Le Grand Hôtel, à Cannes, a sans doute donné de cruciaux détails à la police depuis qu'elle a été retrouvée le 26 octobre dans le coffre d'une voiture. "Elle est restée attachée avec des serre-flex [collier de serrage en plastique, ndlr] aux poignets et aux chevilles, la bouche et même parfois les yeux fermés par des rubans adhésifs. Elle est parvenue par deux fois à se libérer de ses liens et est presque parvenue à sortir du véhicule", a raconté le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre.
Le procureur a ajouté que la bande a connu des pépins pendant son opération. "Il y a eu un problème de transmission des messages en direction de la famille, ce qui n'a pas permis de rentrer dans un échange traditionnel. Il y a eu un flou dans l'organisation des choses. On ne peut pas parler de pieds nickelés. Ces personnes voulaient aller au bout de leur démarche. C'était un projet pensé pendant plusieurs mois", a-t-il dit.
Thomas Montet