Réactualisation de 15h : L'épouse du cinéaste Jafar Panahi vient d'annoncer que son mari a bien été libéré sous une caution importante (on parle de 200 000 dollars US ?) aujourd'hui mardi 25 mai. On ne sait pas encore si des mesures de contrôle juiciaire ont été également demandées...
La situation pour le cinéaste iranien Jafar Panahi (Le Ballon Blanc, Sang et Or), détenu en son pays pour des raisons politiques depuis le 1er mars, devrait bien s'éclaircir ce 25 mai. En effet, Abbas Bakhtiari, directeur du centre culturel Pouya à Paris, a affirmé que le cinéaste pourrait être libéré aujourd'hui.
L'information, selon laquelle la justice iranienne a ordonné la libération sous caution du cinéaste, a été communiquée par l'épouse du réalisateur, Tahereh Saidi. Agé de 49 ans, Panahi a soutenu ouvertement l'opposition au président Mahmoud Ahmadinejad, une décision qui a entraîné son arrestation. Cependant, il a été arrêté pour des motifs qui n'ont jamais été officiellement expliqués, certains estimant qu'il était soupçonné de préparer un film sur les manifestations de juin 2009.
De nombreux artistes français et internationaux s'étaient indignés de cet emprisonnement et avaient réclamé sa libération en signant une pétition. Le 63e festival de Cannes a été une tribune très médiatisée : Panahi avait été choisi comme membre du jury présidé par Tim Burton. Son emprisonnement l'a empêché de se rendre à cette manifestation, mais les jurés ont laissé sa chaise vide marquée de son nom en évidence, comme signe de protestation.
Durant ce festival, Juliette Binoche n'a pas manqué une occasion de rappeler son soutien. Ses larmes lors de la conférence de presse de son film Copie Conforme, réalisé par un compatriote de Panahi, Abbas Kiarostami, son discours au Pavillon du monde et ses mots lorsqu'elle a reçu le prix d'interprétation ont marqué la Quinzaine cannoise.
Le cinéaste avait commencé une grève de la faim il y a une dizaine de jours et avait envoyé via le site du philosophe Bernard-Henri Lévy, La règle du jeu, une lettre bouleversante, écrite en prison et lue sur les marches du palais par le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand. BHL s'est d'ailleurs fait remarquer pour ses prises de position, comme celle en faveur de Roman Polanski, piratant tout le festival... sans y avoir été !
Le juge de Téhéran a conditionné la signature du document nécessaire à la libération du cinéaste au versement d'une garantie de 200 millions de tomans. Il a fallu, pour cela, hypothéquer, entre autres, la maison familiale. Le procureur a également décidé que le dossier d'accusation de Jafar Panahi sera envoyé au tribunal révolutionnaire pour examen...Cette libération doit désormais se confirmer. Malgré son prix et ses conditions, elle mettra fin au calvaire du réalisateur et de tous ses proches. Toutefois, il aura fallu attendre la fin du festival de Cannes pour que la justice iranienne accepte de prendre cette décision, montrant de cette façon qu'elle a le dernier mot.