Purepeople a rencontré Jamel Debbouze à l'occasion de la sortie ce mercredi 19 juin de Né quelque part, long-métrage de Mohamed Hamidi où il tient l'un des rôles principaux. Également coproducteur du film, c'est un Jamel plus engagé et volontaire encore qui se présente à nous. Le tutoiement est de rigueur avec le trublion pour lequel il y a "plein de raisons d'aller voir ce film. [...] Déjà parce que c'est une comédie dramatique et qu'il n'y en a pas beaucoup, mais aussi parce que c'est la première fois en France que l'on fait un film sur les fils d'émigrés, c'est la première fois qu'on se raconte comme ça", citant Martin Scorsese qui "avait merveilleusement bien parlé des Italo-Américains". Pour lui, "on est d'origine franco-algérienne et quand on va au bled, on se rend compte à quel point on est Français".
Conscient d'avoir signé pour un film fort au discours universel, Jamel Debbouze s'engage. "D'une certaine manière, je voulais humaniser les clandestins, comme on a fait pour Indigènes. L'acteur nous confie son "envie de les anoblir" parce que "risquer sa vie pour mieux la vivre, y'en a pas beaucoup qui feraient ça. Il n'y pas autant de gens qui ont ce respect pour la vie. Regardez, en Occident, on se suicide beaucoup, pas en Afrique".
Pour autant, Jamel Debbouze se défend d'avoir choisi ce film pour afficher une quelconque envie de léguer ou rendre hommage. Ainsi, au premier abord, il "pense un peu par égoïsme, savoir quel bien ça peut faire". Il prend en exemple son Jamel Comedy Club : "On pense que la démarche est généreuse, mais elle est d'abord égoïste, ou comment je fais pour prendre un max de plaisir... si c'est contagieux, tant mieux." Pour lui, "il n'y a pas d'idéologie, je ne cherche pas à rendre service ou à faire en sorte que les choses se passent mieux. Si en conséquence c'est ça, alors c'est génial...". Inévitablement, le sujet Indigènes revient sur la table : "Je voulais le faire pour travailler avec des grands comédiens, avec Rachid Bouchareb, mais aussi parce que Rachid Bouchareb est venu avec les quatre certificats d'inscription de nos arrières grands-pères [Aziz Debbouze était inscrit au 2e régiment, NDLR] qui ont combattu ensemble dans la même section." "Et je ne le savais pas", ajoute-t-il.
Fort de son statut et d'une popularité toujours au top, le partenaire à la ville de Mélissa Theuriau, papa de deux enfants dont il est très fier (Lila et Léon), Jamel Debbouze en profite pour mettre en avant autant que possible des projets qui lui tiennent à coeur. "Comme j'ai fait des trucs comme le Marsupilami, Astérix ou Amélie Poulain, je peux me permettre de faire d'autres films comme celui-là, parce que ça me ferait chier de ne faire que ce genre de films [comprendre : uniquement des superproductions ou uniquement les films d'auteurs, NDLR]." De quoi expliquer un tel dévouement pour Né quelque part, notamment lors du passage remarqué du film à Cannes.
Selon Jamel Debbouze, conscient de la difficulté de la tâche qui l'attend devant un film parlant des origines et de l'immigration, "on va pas aller forcer les gens à venir vers nous, mais on peut aller vers eux". Et c'est en tournant en France avec ce film que Jamel croit séduire les publics. Il semble convaincu, "ce film va vieillir de toute façon", évoquant l'effet papillon qui lui fait dire que si "nous, on fait ce genre de films, nos enfants n'auront plus à le faire".
La quête initiatique d'un jeune Français contraint d'aller sur les terres de ses parents dans une Algérie reculée pour sauver la maison familiale, "ça peut paraître con pour ceux qui l'ont pas vécu". Il nuance : "Mais même pour nous, quand je vois des jeunes rebeu ou black mal parler de la France, j'ai envie de leur dire 'retourne dans ton pays d'origine, je t'y laisse 25 minutes'". Pour conclure : "Ça permet d'apaiser, de mieux vivre les uns avec les autres."