
L’affaire a fait le tour du monde. Lorsque la potentielle implication de Jeffrey Epstein dans un trafic sexuel de jeunes filles mineures entre les États-Unis et l’Europe a commencé à faire du bruit, il ne s’agissait là que d’une infime partie d’un vaste roulement dans lequel plusieurs personnes seraient impliquées. Et pas n’importe lesquelles puisque même le prince Andrew, fils de la reine Elizabeth II d'Angleterre, y a été mêlé. C’est sur ce sujet que l'émission Complément d’enquête a axé une grande partie de son émission diffusée sur France 2 jeudi 30 janvier.
À l’issue du reportage, comme pour la plupart des émissions qu’il présente, Tristan Walecks a recueilli le témoignage d’une invitée. Cette dernière n'est autre qu’Helena Noguerra, comédienne et chanteuse de 55 ans, qui s’est exprimée sur ce que Me Too, mouvement né après les premières révélations au sujet d’Harvey Weinstein, a eu comme conséquences. Parmi elles, la libération de la parole des femmes et la condamnation de plusieurs personnalités accusées.
Cette situation, Helena Noguerra l’a vécue au moins une fois. La scène se déroule en 1985 avec Serge Gainsbourg. Complément d’enquête diffuse d’ailleurs l’extrait en question sur lequel on voit la jeune femme de 15 ans qu’elle est à l’époque au côté du chanteur. L’enregistrement se déroule alors que la sœur de Lio est danseuse et choriste dans le clip Tes yeux noirs d’Indochine. Et les images sont quelque peu malaisantes, c’est en tout cas ce que constate Helena Noguerra en redécouvrant la séquence.

“Je n’étais pas à l’aise”, avoue la comédienne avant d’entrer un peu plus dans les détails de cette rencontre très particulière. Comme le souligne Helena Noguerra, alors que le journaliste, qui est Thierry Ardisson, demande à Serge Gainsbourg, qui enlace alors Helena, où il l’a trouvée, le père de Charlotte Gainsbourg répond en argot : “Dans les toilettes.” Rien que cette manière d’expliquer leur "rencontre" suffit pour elle à pointer du doigt le problème : “Cette manière d’un homme âgé avec une fille de 15 ans, il n’y a pas d’égard, pas de regard, ni de considération… Dire d’une jeune fille que vous l’avez trouvée dans les chiottes, ce n’est pas normal !”
Helena Noguerra n’a alors qu’une seule envie : se sortir de ce bourbier et éviter tout dérapage. “Je me dis que ce n’est pas possible. Je pars, je ne veux pas de ce cirque, je voyais que ça n’allait pas, je n’étais pas contente” explique-t-elle. Néanmoins, comme à chaque fois, le pouvoir exercé par certains hommes est une crainte pour les femmes : “À l'époque, puisqu’il est puissant, je ne peux pas dire ‘trou du cul, va te faire foutre’. Donc je m’échappe, en politesse, car la vie d’une femme, c’est souvent s’échapper.” Quarante ans plus, si les choses changent, tout cela semble pourtant loin d'être terminé.