Après vingt et un ans dans les cuisines du Plaza Athénée, Alain Ducasse cède sa place. Le célèbre chef de 64 ans est remplacé par Jean Imbert, grand gagnant de Top Chef (saison 3, en 2012). Depuis sa participation au célèbre concours culinaire de M6, tout lui sourit. Mais le "chef des stars" comme certains le surnomment est loin de faire l'unanimité dans la profession... Plusieurs experts en gastronomie ne mâchent pas leurs mots dans les colonnes du Monde.
"Il n'a ni le CV ni l'expérience nécessaire pour une telle place. Je ne dis pas qu'il n'a pas de talent, encore que, mais il y a des centaines de chefs plus expérimentés que lui, plus travailleurs. Il aime le bling-bling, les gens connus, l'argent... Il a le talent du culot, des réseaux sociaux, des selfies et de savoir bien s'entourer", balance François-Régis Gaudry, animateur de la deuxième partie de soirée de Top Chef, producteur de l'émission On va déguster et critique gastronomique connu dans le milieu – il avait déjà dézingué la cuisine de Mory Sacko, candidat de Top Chef saison 11 en 2020.
De son côté, Emmanuel Rubin, critique au Figaro, semble du même avis. "Le mec qu'on ne voit jamais en cuisine et qui pose déguisé en tablier pour l'occasion, mais quelle rigolade, lance-t-il, amusé mais agacé. Il ne veut pas mettre une toque aussi ? On dirait le Louis de Funès du Grand Restaurant ou de L'Aile ou la cuisse." Et de poursuivre : "Il lui est arrivé un grand malheur, gagner Top Chef. Après, il n'a plus travaillé. Il incarne l'archétype du gars qui a parfaitement compris notre époque." Pour lui, "son meilleur plat, c'est son compte Instagram".
Des mots durs de la profession, comme ce chef trois étoiles qui qualifie Jean Imbert de "déshonneur pour la haute gastronomie française". "C'est comme si une star du beach soccer était transférée au PSG", tranche aussi un journaliste spécialisé. Le jeune chef de 40 ans déplore cet accueil particulièrement glaçant. "Je le sais, je ne suis pas du sérail", regrette-t-il.
Du côté du Plaza Athénée, on accepte la critique. "Oui, le costume est peut-être un peu trop grand pour Jean à l'heure qu'il est, mais on va l'aider", assure François Delahaye, directeur général. Et d'ajouter quant aux critiques : "Plus on parle de Jean, mieux c'est pour nous. Tout ce qui est bon pour lui est bon pour nous, à la condition qu'il n'entre pas en concurrence avec nos autres établissements." Pour le restaurant de luxe qui souhaitait du renouveau, "ce changement passait par Jean". Que la profession le veuille ou non. Et certains grands noms de la cuisine comme Yves Camdeborde valident l'arrivée de Jean Imbert au palace. Ouf !