Malgré deux motions de défiance, la tribune de la Société des journalistes (SDJ) dans Le Monde jeudi dernier qui l'avait invité à renoncer à son arrivée sur iTÉLÉ, puis une guerre ouverte sur Twitter et un nouveau témoin entendu, Jean-Marc Morandini a tout de même pris l'antenne lundi 17 octobre à 18h.
"Bonjour et bienvenue, très heureux de vous retrouver", a-t-il lancé alors que la chaîne avait voté le matin même une grève liée à son arrivée, un mouvement social d'une durée de 24 heures, reconductible. Le sourire aux lèvres, le teint bronzé, l'animateur n'a rien laissé transparaître du gros malaise palpable dans les couloirs de la chaîne. Comme on a pu le voir sur Twitter, de nombreux employés ont en effet déserté les locaux au moment de sa prise d'antenne.
Personne n'a donc été étonné d'apprendre, grâce à un témoignage recueilli par Télérama, que la chaîne qui avait déjà envisagé un tournage à l'extérieur en cas de problème ait fait appel à des "n+2" afin de s'assurer que l'émission serait bien diffusée. La direction a dû appeler en renfort des techniciens de Canal+ et des "chefs-techniciens dont le boulot n'est pas d'appuyer sur les boutons", rapporte un confrère à BFMTV.
Dans ce flou et ce chaos, Morandini a donc pris l'antenne et, ça ne s'invente pas, a lancé un reportage sur un épisode de la série américaine New York Unité Spéciale qui traite des scandales sexuels dans lesquels Donald Trump est impliqué. Un choix culotté (et provocateur ?) lorsque l'on sait que Jean-Marc Morandini a été mis en examen pour corruption de mineur aggravée et placé sous contrôle judiciaire il y a quelques semaines.
Durant un peu moins d'une heure, l'émission enregistrée depuis une régie a également été ponctuée de bugs techniques. À commencer par l'erreur réalisée sur le nom de famille de Stéphane Plaza, interviewé en direct, écrit avec deux Z sur un bandeau visible à l'écran. Un Z en trop qui a beaucoup fait jaser sur le web.
Durant cette interview, Jean-Marc Morandini a semblé vouloir ironiser sur les amitiés dans le milieu de la télévision. Rebondissant sur une déclaration de l'agent immobilier à propos de sa grande complicité avec Karine Le Marchand, le présentateur a déclaré : "Ça veut dire que c'est possible d'avoir des amis dans ce métier ?"
Ce retour très décrié par les journalistes et le public n'a pas du tout emballé les annonceurs. Alors que l'animateur a lancé des passes publicitaires, les téléspectateurs n'ont pu voir à l'écran que des bandes-annonces. Preuve qu'aucune marque n'a souhaité être associée à l'image de Jean-Marc Morandini. En plus de ses problèmes avec la justice, le modus operandi qu'il a employé depuis des années pour entrer en contact avec des jeunes hommes est tout naturellement jugé "moralement condamnable" (il s'agirait de jeunes filles, l'impact négatif serait évidemment le même).
En début d'émission, Jean-Marc Morandini a invité les téléspectateurs à réagir à son programme avec le hashtag #MorandiniLive. Une demande qui n'a pas été reformulée par la suite – ce qui est pourtant généralement le cas. Et pour cause, de nombreux messages violents ont été postés sur Twitter. "Grand sourire du blogueur à l'antenne sur #iTÉLÉ ! Mais le gars n'est pas humain. Tout glisse sur lui. Même les mineurs. #MorandiniLive" (...) "Ça me dégoûte de le voir à l'antenne ce type #MorandiniLive", pouvait-on lire.
Des personnalités ont également réagi comme Stéphane Guillon (qui travaille pour le groupe Canal+) et sa compagne qui ont écrit : "Bon... On s'est peut-être emballé sur Morandini. Je viens de croiser Denis Baupin et Jean-Luc Lahaye... ils adorent l'émission" (...) "Au passage félicitations à Europe1 qui n'a pas hésité à respecter la présomption de souffrance des victimes de Morandini."
Ce mardi 18 octobre, la grève a été reconduite pour 24 heures par les salariés du groupe Canal+. 110 personnes ont voté pour, 3 contre et il y a eu 21 abstentions, précise sur Twitter notre confrère de Puremédias.com Julien Bellver.
Concernant les audiences, la curiosité (malsaine ?) ou le bad buzz autour de l'animateur a attiré les téléspectateurs. Comme l'indiquent Puremédias.com, Morandini Live a rassemblé 104 000 personnes en moyenne, soit 0,8% du public. C'est deux fois plus que la moyenne de la tranche. Un résultat sans doute dû à un effet de curiosité qui ne devrait pas durer...
Jean-Marc Morandini reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'à la clôture finale du dossier pénal.