La reine Elizabeth II a certes mis le point final au "central week-end" des célébrations de son jubilé de diamant, avec une magnanime allocution télévisée inédite depuis la mort de Lady Diana en 1997, mais les médias britanniques n'ont pas fini d'inspecter les photos souvenirs qui constituent désormais les annales de ces jours de liesse. Et continuent d'y faire des découvertes.
Si la parade fluviale historique qui a eu lieu dimanche 3 juin 2012 sur la Tamise avait, outre le spectacle qu'elle représentait, deux principaux centres d'intérêt royaux, en l'occurrence l'opiniâtreté de la monarque de 86 ans et de son époux de 91 ans, restés debout quatre heures durant dans le froid et la pluie, et l'audace de Kate Middleton, très (trop ?) voyante, le cortège des invités, du clan Middleton et des membres de la classe politique aux représentants d'association, vient en troisième position. Et une étude approfondie a permis au Daily Mail de découvrir une persona non grata au plus près de la reine, du prince consort, du prince de Galles et de la duchesse de Cornouailles et du duc et de la duchesse de Cambridge : un repris de justice.
Harbinder Singh Rana, 52 ans, qui a purgé dans les années 1980 une peine de quatre ans de prison pour l'agression sexuelle de plusieurs femmes, était sur la barge royale Spirit of Chartwell, bien visible avec son turban indigo à quelques pas de la reine et des princes William et Harry. Au nez et à la barbe (que lui a bien fournie) de Buckingham.
L'homme avait en réalité été invité au nom du prince Charles, qui ignorait tout de son passé, en sa qualité de travailleur caritatif, à la tête d'une fondation (Maharaja Dalip Singh Trust) promouvant la culture sikh en Grande-Bretagne, organisation par le biais de laquelle il a vraisemblablement fait la connaissance du prince de Galles, l'accompagnant dès 1999 pour l'inauguration d'une statue du dernier maharajah ou lui servant de guide en 2006 lors d'une visite officielle dans le Punjab. A l'époque des faits qui lui avaient valu un bon séjour en prison, Harbinder Singh Rana s'était fait passer pour un médecin auprès de plusieurs femmes, pratiquant sur elles des examens internes et leur effectuant des injections : il avait été reconnu coupable en août 1986 de cinq chefs d'accusation pour attentat à la pudeur, onze pour agression ayant entraîné des dommages corporels et tentative d'agression. Après cet épisode fâcheux, il était parti sur de nouvelles bases en se faisant leader de la communauté anglo-sikh, devenant en 2002 conseiller du gouvernement sur la question, au grand dam du lobby Sikh Secretariat, attéré par le choix de Rana pour défendre les intérêts d'une communauté de 700 000 Sikhs.
Contacté, après son identification, par le Daily Mirror, l'intéressé a révélé n'avoir fait l'objet d'aucune enquête approfondie avant d'être autorisé à monter sur la barge royale : "On m'a invité, et j'ai honoré l'invitation. Le fait que le prince de Galles m'ait invité témoigne clairement de ce que j'ai accompli pour la communauté depuis (sa condamnation). Je connais des personnes des équipes du prince Charles, pas lui personnellement - même si je l'ai côtoyé en certaines occasions, oui."
"J'ai clairement fait savoir que je ne représentais pas la communauté sikh, mais que j'étais là uniquement parce que j'étais content d'être invité", a-t-il cru bon de préciser, alors qu'un porte-parole de Clarence House insistait au contraire sur le fait que, parmi les nombreux représentants d'associations disséminés sur les différents bateaux dont la barge royale, "Harbinder Singh a été convié à la parade en tant que chef de file de la communauté sikh et au regard de son action caritative".
Si Clarence House a rapidement réagi en assurant que le prince Charles ignorait tout du passé criminel de Rana, l'affaire a suscité beaucoup d'interrogations concernant les procédures de vérifications d'usage sur les personnes amenées à approcher la famille royale.