C'est l'histoire de Rose, une femme assise seule sur un banc qui trimballe avec elle un sac, quelques livres et beaucoup de souvenirs. Si le synopsis a de quoi inquiéter le public, les amateurs de théâtre reconnaîtront immédiatement la grandiose Judith Magre sur scène.
À 85 ans, la comédienne compte des dizaines de films, téléfilms et pièces de théâtre derrière elle et, de toute évidence, encore beaucoup devant. Le metteur en scène Thierry Harcourt avoue dans le dossier de presse avoir immédiatement pensé à Judith Magre pour ce rôle difficile de rescapée de Varsovie qui déballe un monologue sur ses origines et l'état du monde contemporain : "Quand tu penses au texte et aux actrices qui pourraient le jouer : la première qui te vient à l'esprit, c'est Judith Magre ! (...) Les femmes formidables sont tout de suite pour elle !"
Animée par une fantastique énergie, l'intéressée, qui ne mâche pas ses mots et prend un malin plaisir à gentiment attaquer son ami, rétorque : "C'est sûr ! Les vieilles juives cancéreuses au bord de la tombe : c'est pour moi !!!"
Interrogée sur sa présence dans la pièce de théâtre, la comédienne mobilise un féroce humour, agrémenté d'une belle dose de franchise : "J'en ai rien à foutre de ce texte !!! Non, je veux dire que moi, ce n'est jamais sur un texte que je pars (...). Je préfère que quelqu'un que je trouve sympa vienne me proposer un truc, qu'il me dise qu'il m'aime bien : j'aime mieux les choses aimables et fausses que les désagréables et vraies !!"
Raccourci par rapport à la version présentée au Théâtre national de Londres, Rose de Martin Sherman offre une nouvelle occasion de se délecter du talent de l'inimitable Judith Magre, qui avoue son seul regret : "Le seul truc qui m'ennuie, c'est de jouer encore une fois seule sur scène (...). Avec qui j'irai boire un coup après ??"
Rose, à La Pépinière théâtre de Paris, à partir du 10 janvier 2012.