Définitivement radié du barreau en mai 2012, l'ex-avocat Karim Achoui n'en a pourtant guère fini avec la justice. Mardi 23 octobre, une peine de huit mois de prison avec sursis pour "abus de confiance" sur une ancienne cliente considérée comme "vulnérable" en raison de problèmes psychiatriques a été requise contre lui. Le tribunal doit rendre son jugement le 6 novembre.
En septembre 2007, une femme d'âge moyen, fragile et placée sous curatelle, lui aurait demandé des conseils juridiques au moment de son divorce. Elle lui aurait remis deux chèques de 17 000 euros d'honoraires, mais Achoui ne l'aurait jamais conseillée. L'Ordre des avocats a été saisi et a ordonné à Achoui de rembourser. Celui-ci ne s'étant jamais exécuté, le parquet de Paris a été alerté et a saisi la brigade de répression de la délinquance à la personne. En mars 2011, Karim Achoui est placé en garde à vue.
Comme l'a résumé la présidente, le tribunal a tenté de déterminer le travail effectué par Karim Achoui pour cette femme et si elle a pu lui donner un "consentement éclairé" en lui confiant la gestion de ses dossiers. Selon la procureur, il était impossible de se "méprendre sur l'intensité du trouble" et la "fragilité" de cette femme "en plein délire paranoïaque" lorsqu'elle a sollicité Karim Achoui. "On est à la limite de l'escroquerie", a-t-elle ajouté.
L'ancien avocat s'est défendu en expliquant qu'il avait mis en place une "veille juridique". "Elle était parfaitement d'accord", a-t-il souligné, rappelant qu'il avait plaidé un dimanche matin pour sa cliente. "Je veux bien qu'il me soit reproché un certain nombre de choses, mais pas de n'avoir rien fait." Selon Karim Achoui, sa cliente était "fragile, oui", "angoissée, oui", mais "complètement à côté de la plaque, non". Elle avait selon lui "la tête sur les épaules" et "une mémoire absolument redoutable".
Connu comme l'avocat du grand banditisme, Karim Achoui est radié du barreau en mai 2012 pour "manquements déontologiques". Cette figure controversée a régulièrement été inquiétée par la justice. On l'a d'abord soupçonné d'avoir facilité l'évasion d'Antonio Ferrara, une affaire pour laquelle il était acquitté en appel à l'automne 2010. En revanche, en janvier 2011, il était condamné à un an de prison ferme pour travail dissimulé au sein de son restaurant, Le Zarma. Il a aussi été condamné pour une affaire de faux et l'utilisation de la signature de son ex-femme (pour des faits datant de 2004). Et il y a eu son ex-compagne qui l'accusait de violences et de menaces de mort : en juin dernier, Karim Achoui était finalement relaxé, la victime présumée ayant retiré sa plainte.
Karim Achoui est considéré comme innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'au jugement définitif de cette affaire.