Le Premier ministre belge Elio Di Rupo avait involontairement anticipé le deuxième temps fort des commémorations de la Première Guerre mondiale lundi 4 août 2014, s'attirant les quolibets et devenant la risée des réseaux sociaux en souhaitant la bienvenue aux représentants invités de 83 pays à Mons... à leur arrivée à Liège. Mais après la cérémonie matinale dans la capitale de la province du Hainaut, et un déjeuner au palais provincial, les 13 chefs d'État et nombreux dignitaires se sont effectivement rendus au cimetière Saint-Symphorien de Mons, où, malgré le lapsus, l'hommage crépusculaire n'en a pas été moins grandiose ni moins bouleversant.
À nouveau, l'attention a été largement accaparée par le prince William et Kate Middleton, émissaires de la reine Elizabeth II et de la Grande-Bretagne, représentées également par le Premier ministre britannique David Cameron. Accueillis dans la matinée à l'abbaye Saint-Laurent par le roi Philippe et la reine Mathilde, et "têtes d'affiche", avec les présidents François Hollande et Joachim Gauck, de la cérémonie organisée au Mémorial interallié de Cointe, le duc et la duchesse de Cambridge ont été rejoints par le prince Harry, arrivé en Belgique après avoir dans les heures précédentes présidé les commémorations à Folkestone, près de Douvres.
Folie montoise
Avant de prendre la direction du cimetière Saint-Symphorien, où reposent 229 soldats du Commonwealth et 284 soldats allemands enterrés au même endroit dans un geste appelant la réconciliation, Kate, William et Harry ont pu apprécier l'accueil extrêmement chaleureux que leur ont réservé près de 10 000 Montois. Accueillis sur le seuil de l'Hôtel de Ville de la Cité du Doudou par Elio De Rupo, bourgmestre en titre, Nicolas Martin, bourgmestre faisant fonction, et Tommy Leclercq, gouverneur de la province, les trois membres de la famille royale britannique, dont la venue était connue et attendue depuis près de deux mois, sont apparus à 18h30 sur la Grand-Place, noire de monde et où quelques Union Jack flottaient au milieu des drapeaux noir-jaune-rouge. Quelques minutes après, et en marge d'une brève réception organisée au sein de l'édifice municipal, ils se montraient pendant trois minutes au balcon de l'Hôtel de Ville, déclenchant une ovation nourrie. Le prince Harry semblait particulièrement joyeux, hilare par moments même. La faute aux déclarations d'amour qui fleurissaient ça et là dans le public ? Célibataire, le fils cadet du prince Charles a pu voir se dresser des panneaux réclamant son attention, comme celui-ci qui déclarait, avec une flèche pointant une jeune femme : "Elle est rousse aussi. Je veux sortir avec toi !"
Des ténèbres viendra la lumière
La suite aura été moins légère, mais tout aussi intense et absolument magnifique. C'est à partir de 20h30, entre chien et loup, que s'est déroulée au cimetière Saint-Symphorien de Mons la grande cérémonie du souvenir, dans le cadre des cérémonies du centenaire de la Première Guerre mondiale, aux soldats allemands, britanniques et alliés tombés au cours de la Grande Guerre. Après avoir arpenté des allées du site entre les sépultures, graves et recueillis, où ils ont pu honorer la mémoire des premiers et derniers soldats britanniques morts sur le front occidental du conflit, le prince William, la duchesse Catherine et le prince Harry ont pris place auprès du roi Philippe et de la reine Mathilde et des autres protagonistes : "Il y a cent ans, le 4 août 1914, la Grande-Bretagne et l'Allemagne étaient en guerre. Un siècle plus tard, nous sommes réunis en paix pour commémorer cet anniversaire et nous souvenir du prix de la guerre", a rappelé, en ouverture de son discours comme l'ont consigné nos confrères de La Dernière Heure, le narrateur de la cérémonie du souvenir. "Toutes les guerres sont cruelles mais celle de 14-18 l'a été particulièrement, touchant et brisant des millions de vies, a de son côté souligné avec émotion David Cameron. Tous ces hommes se sont battus pour préserver le démocratie et la liberté. Nous ne pouvons les oublier, ces vétérans qui n'ont plus jamais été les mêmes, nous pensons à ces mariages qui n'ont jamais eu lieu, à ces bébés qui ne sont jamais nés." Pendant une heure se sont succédé allocutions, témoignages (en anglais et en allemand), lectures de poèmes, tandis que le soleil déclinait.
Vers 21h30, transperçant les ténèbres qui s'étaient installées, le président irlandais Michael Higgins, le président allemand Joachim Gauck, le prince William, David Cameron et le roi Philippe de Belgique s'avançaient d'un même pas vers le monument aux morts, des gerbes de fleurs dans les bras, pour les déposer délicatement à la mémoire de toutes les victimes. Légèrement à l'écart, lumineuses malgré la pénombre et la gravité du moment, Kate Middleton, dans son ensemble crème Alexander McQueen, et la reine Mathilde, dans sa tenue gris-bleu, observaient religieusement ces instants solennels, éclairés par la lueur des lanternes allumées au pied de l'obélisque, que Kate et Harry ont contribué à déposer.
C'est sur ce point d'orgue que s'est achevée la visite officielle du duc et de la duchesse de Cambridge et du prince Harry, qui regagnaient le soir même le sol britannique. Ce 5 août, toujours dans le cadre des commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale, ils devaient se rendre ensemble à la Tour de Londres.