Sujet à débat en France et partout ailleurs comme en Allemagne, l'obligation vaccinale est au centre des questions avec l'arrivée de la cinquième vague et du variant Omicron qui menacent les fêtes de Noël. Emmanuel Hirsch, professeur d'éthique médicale, a été interrogé par Le Parisien sur cette question qui divise et notamment sur l'attitude du gouvernement et du ministère de la Santé, mené par Olivier Véran.
Emmanuel Hirsch estime que les débuts de la pandémie ont été géré par le gouvernement de façon très contraignantes : "Il aurait pu y avoir une progressivité. Les gens ont été contraints, sans discussion. Et, malgré tout ce qu'on a vécu depuis vingt mois, il faudrait encore prendre des mesures de manière péremptoire, sans nuance." Selon lui, le passe sanitaire s'est transformé en passe vaccinal : "Le gouvernement disait au début que c'était très limité, et finalement, il y a eu une extension, un renforcement, avec un dispositif devenu quasi incontournable. Aujourd'hui, lorsque Olivier Véran dit qu'il n'y aura pas de vaccination obligatoire, on peut légitimement en douter."
Président du Conseil pour l'éthique de la recherche et l'intégrité scientifique de l'Université Paris-Saclay, Emmanuel Hirsch estime que la vaccination n'est pas la seule option contre la Covid-19 : "La vaccination n'est pas la seule solution, c'est un levier. La rendre obligatoire soulève par ailleurs des questions de faisabilité : comment la contrôle-t-on ? Quelles conséquences pour ceux qui refusent de s'y soumettre ?" Ce qui semble aller dans le sens du président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy. Ce dernier se demandait comment obliger une vieille dame de 84 à se faire vacciner et considérait que l'obligation vaccinale était d'abord une question politique.
Sa passion pour les réalités humaines et politiques de la santé et des vulnérabilités l'interrogent sur les principes qui doivent guider la gestion de la pandémie. Mettant en avant la loyauté, la transparence mais aussi l'importance de la proportionnalité dans la prise décision, il se demande si nous sommes réellement dans un contexte aujourd'hui qui nécessite cette obligation. Pour François Bayrou, pro-vaccination obligatoire et Haut-commissaire au Plan, il faut agir vite pour ne pas arriver à la situation où les jeunes enfants vont développer des formes graves de la maladie.
Emmanuel Hirsch reconnaît que si la situation sanitaire "flambe", on pourra accuser le président de la République Emmanuel Macron de ne pas avoir agi. Le contexte de présidentielle complique la situation selon Emmanuel Hirsch, qui voit les valeurs sécuritaires prendre le dessus sur les valeurs de la démocratie, alimentant alors les discours complotistes.