"Je me suis rendu compte que j'avais la réputation que j'avais la réputation d'une fille capricieuse, trop protégée et j'en passe... Ce n'est pas moi. Je veux donner une autre image, qui me correspond. Je veux être perçue comme quelqu'un de normal et non plus comme une star qu'on ne peut plus approcher." En quelques mots, confiés au Journal du Dimanche en date du 17 octobre 2011 depuis Auburn, aux Etats-Unis, où elle s'entraîne jusqu'en février prochain (l'échéance de la course aux billets pour les JO 2012 est fixée à mars...), Laure Manaudou synthétise la prise de conscience qui l'a affectée depuis la naissance de sa petite Manon en avril 2010, fruit de son amour avec Frédérick Bousquet, et depuis qu'elle a repris le chemin de la natation en compétition. Et justifie sa décision, à effet immédiat, de se passer des services de l'avocat Didier Poulmaire, qui était précisément son protecteur incontournable de longue date. Celui, aussi, qui avait permis à Laure de survivre (et mieux encore) médiatiquement après le traumatisant flop des JO de Pékin 2008. Un sacré changement de cap.
Lui se dédouane de sentir le vent tourner, après les départs de Yoann Gourcuff puis Laure Manaudou, affirmant qu'il travaille sur "un nouveau schéma innovant" : "J'avais choisi depuis quelque temps de m'éloigner de la représentation directe des sportifs, un milieu trop instable", assure-t-il.
Nouvel élan pour Manaudou, recadrage pour Poulmaire
On ne peut toutefois s'empêcher de constater que la championne olympique avait apparemment mûri son départ de son giron, puisque c'est l'écurie de Jean-François Salessy qu'elle rejoint. Salessy, ex-directeur du Cercle des Nageurs de Marseille où sont licenciés Laure Manaudou et son compagnon Frédérick Bousquet, et désormais patron de l'agence Pimiento, qui signa son premier coup avec Camille Lacourt et représente aujourd'hui neuf nageurs du CNM dont cinq internationaux parmi lesquels Bousquet et Florent Manaudou. Un environnement idéal pour elle, une dream team pour Salessy et son acolyte Hubert Montcoudiol, pro du marketing sportif.
La désormais ex-protégée de Didier Poulmaire explique les circonstances de son changement de cap dans le quotidien régional La Provence : "Didier Poulmaire reste l'avocat de 'Swimming Dream', ma société d'image [et assurera la gestion des contrats en cours, avec Aubert ou Cadum notamment, NDLR]. Nous restons proches, mais Didier a décidé de se recentrer sur ses activités d'avocat. Partant de là, Pimiento me semblait une évidence avec l'esprit d'équipe, la dimension humaine et le travail sérieux qui caractérisent cette société. Les rapports entre un sportif et son représentant sont basés nécessairement sur la confiance. Elle ne se décrète pas, elle se crée. Avec Jean-François, nous devons contruire cette relation." Car maintenant, avec Laure, c'est tout pour l'équipe. La Provence révèle d'ailleurs que les premiers contacts entre Laure Manaudou et Salessy remontent à deux mois et cette perche tendue malicieusement par la championne de 25 ans : "Il manque une fille dans ton groupe !", se souvient Salessy.
Manaudou, c'est la femme absolue
Car Laure Manaudou, après avoir été tête de gondole, aspire à rentrer dans le rang. "Etre dans un groupe va me permettre d'être moins mise en avant", analyse-t-elle, en écho à la joie qu'elle affichait l'été dernier en retrouvant les Bleus pour le stage de préparation en Savoie, insistant sur son plaisir d'appartenir au "groupe France". L'autre aspect, à l'en croire, sera de redevenir une star "comme les autres" et de se détacher de cette image de capricieuse qu'elle avait déjà déplorée, expliquant craindre que plus tard, sa fille entende dire que sa mère "était chiante"...
Pourtant, l'objectif de celui à qui elle fait aujourd'hui confiance ("Jean-François est quelqu'un d'honnête et de bosseur. J'ai vu le travail qu'il a effectué avec les autres nageurs.") est clair : "elle peut redevenir la sportive préférée des Français et une icône publicitaire", assène Salessy. Et si le boss de Pimiento fait profil bas, estimant que le travail de Me Poulmaire "était exceptionnel" et qu'il n'est "pas certain de faire aussi bien, surtout dans une période économique moins favorable", mais soulignant son propre éventail d'actions (prospection, création, accompagnement dans le média-training, formation - sur les 20% de commission sur les contrats, 5% sont reversés dans un pot commun pour financer tout cela), il balance déjà bien haut quelques punchlines étudiées, du style : "Manaudou, c'est la femme absolue" - slogan qui résulte de cette analyse : "C'est une jolie fille, avec un palmarès unique, qui revient après une maternité."
"Un enfant donne un sens à la vie, il donne aussi de la force."
Et Laure Manaudou, qui s'entraîne auprès de son chéri avec l'objectif commun de décrocher chacun son billet pour les JO de Londres 2012 à l'occasion des championnats de France de Dunkerque en mars prochain (avant cela, il y aura, en novembre, la rentrée aux championnats américains à Atlanta), d'abonder : "Une femme qui crée un foyer avec l'homme qu'elle aime, avec un enfant à élever, ne peut pas être la même personne que la jeune femme que j'étais il y a quelques mois encore. Un enfant donne un sens à la vie, il donne aussi de la force", fait valoir la maman de la petite Manon, âgée de 18 mois.
Message reçu par Jean-François Salessy : "Elle m'a dit clairement qu'elle voulait donner un nouvel élan à son parcours d'athlète et à sa vie, confirme le patron de Pimiento dans La Provence. C'est ce second point qui m'a touché. Elle veut changer de posture vis-à-vis du monde qui l'entoure. Si elle s'est longtemps sentie agressée et si elle s'est isolée, aujourd'hui, la maternité et la proximité avec Fred l'ont ouverte."
"Nous avons sereinement validé le fait que nous étions compatibles", assure d'ailleurs, avec un humour qui démontre combien elle a grandi, Laure Manaudou.