Réactualisation de 18h : Le journal Le Monde dans son édition datée de demain fait le point sur l'année du nouveau gouvernement d'Ahmadinejad, en titrant "Un an de nouveau gouvernement Ahmadinejad, un an de repression". Alors que l'Otan vient de sanctionner l'Iran et son programme nucléaire, que le président iranien est en visite en Chine pour essayer de rencontrer - sous prétexte de visiter l'Expo universelle dans le cadre de "la journée de l'Iran" demain - les dirigeants -Pekin est le principal partenaire économique et commercial de l'Iran - qui ont aussi voté les nouvelles sanctions militaires et financières, à la grande colère de Téhéran, il semble bon de rappeler qu'à la surprise générale, Ahmadinejad était déclaré vainqueur avec un score écrasant aux élections le 12 juin 2009. Quelques chiffres édifiants d'une féroce répression de ceux qui ont dénoncé la fraude et manifesté : Des milliers d'arrestations, entre 50 et 70 morts, 7 opposants exécutés et 8 dans le couloir de la mort. Environ 600 personnes seraient détenues, des viols et des tortures sont signalés. 23 journaux fermés, 170 journalistes et blogueurs arrêtés. 37 sont toujours en prison, 85 en attente de jugement, les autres ont fui le pays. La répression s'est organisée et elle est devenue systématiques contre les journalistes, les défenseurs des droits de l'homme, militantes féministes et avocats. C'est le président de ce pays-là qui été interviewé par Laurence Ferrari, dans un jardin bucolique, une brassée de fleurs sur la table, dans un décor proche de soap opéra genre " Les feux de l'Amour" (diffusé sur TF1 !)... Il fallait que ce soit dit !
Depuis son interview du président iranien Mahmoud Ahmadinejad - diffusée lundi 7 janvier, au journal de 20 heures - Laurence Ferrari est au coeur de la polémique. Fallait-il porter le voile ? Fallait-il interviewer le dictateur iranien ?
Interrogé sur la question par nos confrères d'Ozap, son ex-mari, le journaliste Thomas Hugues a défendu Ferrari : "Je trouve ça totalement naturel (que la journaliste de TF1 ait porté le voile, ndlr). Lorsqu'on va dans un pays musulman où les femmes sont voilées, on respecte les règles de ce pays. Ça n'a pas empêché Laurence Ferrari de poser les questions qu'il fallait poser. Je ne comprends pas cette polémique. Je la trouve complètement futile."
Mais mardi soir, sur le plateau du Grand Journal, Bernard-Henri Lévy a violemment attaqué la journaliste. Il se dit "choqué" par ce déguisement : "Quelle allure cela aurait-elle eu si elle y avait été non voilée, est-ce qu'on est obligé de se déguiser dans l'accoutrement exigé par un dictateur non élu ?".
Il s'interroge également sur l'intérêt de cette "tribune" offerte "sur un plateau d'argent à Mahmoud Ahmadinejad à 4 jours d'un rendez-vous majeur pour l'Iran qui sont les manifestations de samedi prochain." Il faut dire qu'il connaît très bien le problème de la dictature et de la répression en Iran, après s'être beaucoup investi et battu pendant tout le Festival de Cannes pour la libération du "juré à la chaise vide", Jafar Panahi, détenu de façon totalement arbitraire et libéré après une grève de la faim.
Sur son blog, Immédias, le journaliste de l'Express Renaud Revel tient un discours plus nuancé, car, dit-il, "il serait plus dévastateur encore de refuser la porte qui s'entrebâille dans cette prison à ciel ouvert qu'est l'Iran (...) Dans ce contexte, l'affaire du voile de Laurence Ferrari n'a pas lieu d'être. Peu importe que la journaliste de TF1 ait été contrainte de se soumettre aux règles du régime iranien, si c'est le prix à payer pour approcher l'homme le plus puissant d'une région transformée en cocotte-minute."
Cependant, il rejoint BHL en reprochant à la journaliste d'avoir accepté d'approcher "un des dictateurs les plus roués de la planète sans avoir au préalable préparé cette rencontre d'une manière intraitable" Très juste ! Il constate amèrement et de très nombreux internautes (nous avons été obligés de supprimer les commentaires, trop de haine et de racisme...) également, l'absence de pugnacité de Laurence Ferrari qui a permis au président iranien d'enfiler des perles et de nous faire avaler toutes les couleuvres possibles en "déroulant son discours amidonné". Les téléspectateurs ne s'y sont pas trompés, le score du JT a été mauvais. On ne peut pas tout faire pour un soi-disant scoop...
Ce débat intervient alors que le Conseil de sécurité de l'ONU a pris de nouvelles sanctions hier contre l'Iran pour l'empêcher d'investir à l'étranger dans certains domaines d'activités sensibles comme les mines d'uranium.
De son côté, Laurence Ferrari - qui attend son troisième enfant avec son mari Renaud Capuçon - a tenté de mettre fin au débat en évoquant le respect des coutumes iraniennes. Cela n'a pas empêché Stéphane Guillon de la tacler violemment.