Après s'être refait une santé en allant faire un tour en Suisse, en visite à l'OMS, puis avoir ingurgité les dernières informations sur l'état des avancées et innovations dans le domaine de l'agro-alimentaire, Letizia d'Espagne était forcément d'attaque pour honorer comme il se doit un grand moment de l'année protocolaire : la remise du Prix littéraire Miguel de Cervantes.
Plus haute distinction littéraire du monde hispanophone, décernée aux figures ayant grandement contribué à son patrimoine littéraire et assortie d'une dotation de 150 000 euros, le prix Miguel de Cervantes 2012 a été attribué à José Manuel Caballero Bonald. A 86 ans, le poète espagnol, militant anti-franquiste et emblème de l'évolution littéraire espagnole d'après-guerre, succède au palmarès à son homologue chilien Pablo Neruda, sacré l'an dernier, et ajoute une prestigieuse récompense à son palmarès remarquable (des dizaines de prix, étalés sur sept décennies). Il rejoint dans l'histoire du Prix Cervantes de grandes figures telles que Jorge Luis Borges, Octavio Paz, Ernesto Sabato, Carlos Fuentes, Maria Zambrano, Francisco Ayala García-Duarte, Mario Vargas Llosa, José Garcia Nieto, José Jiménez Lozano, ou encore José Emilio Pacheco.
Comme le veut la tradition, la cérémonie de remise du prix était scindée en deux événements distincts. Un déjeuner était d'abord offert lundi 22 avril 2013 à une délégation du monde des belles lettres par le prince et la princesse des Asturies. Letizia d'Espagne avait pour l'occasion choisi de briller dans la couleur nationale, arborant un tailleur rouge vif pour accueillir les convives au palais de la Zarzuela, à Madrid, où le prince Felipe a saisi l'opportunité de rendre un vibrant hommage au lauréat en présence de son épouse, Josefa Ramis. Mais aussi à Don Quichotte de la Mancha, le héros de Cervantes, et l'énergie exemplaire qu'il met à poursuivre son utopie, de quoi inspirer le monde moderne, aux yeux du futur roi d'Espagne.
Le lendemain, mardi 23 avril, le prince et la princesse des Asturies accomplissaient la seconde partie du rituel en se rendant à l'université d'Alcala de Henares. Pour seconder son mari, Letizia d'Espagne, au bras d'un Felipe très chic en pantalon à stries et redingote, avait cette fois opté pour une robe chocolat semée de fleurs et couverte d'un voile transparent. Sous un beau soleil de printemps, le couple héritier avait fière allure en allant remettre sa médaille à José Manuel Caballero Bonald, sous les yeux d'un cortège d'officiels, dont le chef du gouvernement Mariano Rajoy.
Dans son allocution de circonstance, le prince Felipe a souligné le caractère de "loup solitaire" de Caballero Bonald, "réfractaire aux modes et aux attitudes grégaires", contre lesquelles il est resté ferme. Un élément clé de son existence, personnelle et littéraire. Saluant l'esthétique de son travail et son effort pour dépasser les barrières de la langue et remuer les consciences, ainsi que la manière dont son oeuvre invite le lecteur à en faire autant, Felipe a également mis en exergue le métissage américano-européen du poète, qui a des origines caribéennes par sa mère.