Malgré l'épais brouillard qui régnait au sol, on pouvait distinguer la grande dignité et le flegme avec lequel Felipe et Letizia d'Espagne ont accueilli, ensemble, samedi 6 novembre, le pape Benoît XVI pour sa visite de deux jours en Espagne.
A Saint-Jacques de Compostelle, haut lieu de pélerinage de l'Europe occidentale, ils ont entendu le souverain pontife appeler à préserver "l'héritage spirituel" et se soucier des "besoins moraux, sociaux, spirituels et religieux" face au "matérialisme" ambiant, et l'ont surtout écouté s'exprimer sur des sujets sensibles : pour son deuxième passage dans le pays, Benoît XVI a rappelé son opposition à l'à l'avortement, légalisé par le gouvernement socialiste de José Luis Zapatero, qui l'a autorisé cette année à la demande et sans consentement des parents jusqu'à la 14e semaine de grossesse.
Outre cette thématique épineuse, la venue du pape a suscité un fort mouvement de contestation, en raison notamment de la position vindicative de l'Eglise de Rome contre la légalisation en Espagne du mariage homosexuel et le droit à l'adoption des couples de même sexe, qui a motivé des actions de protestation de la part des associations LGBT, mais aussi en raison du dispositif déployé pour cette visite papale en termes de moyens financiers, colossaux, à une heure où le pays est frappé par une dure récession et un taux de chômage autour de 20%.
Letizia, superbe de sobriété dans son tailleur gris, à l'instar de son époux dans son costume sombre, a toutefois fait bonne figure - tandis que Felipe, contrairement à Nicolas Sarkozy le mois dernier, s'abstenait de lui réclamait des présents. D'autant que la venue du souverain pontife devait au moins faire le consensus sur un point : dimanche, Benoît XVI doit consacrer en tant que basilique la Sagrada Familia, le chef d'oeuvre architectural inachevé d'Antoni Gaudi à Barcelone, dont le chantier a été entrepris il y a 128 ans et dont les travaux restants (notamment l'érection d'une flèche centrale de 170 mètres) sont financés par la générosité des visiteurs.