Avec les ultimes renforts de choc et de charme de Pau Gasol, star des Lakers désignée porte-voix du sport ibérique, de la princesse Letizia, arrivée en Argentine mercredi pour accentuer le pouvoir de persuasion espagnol, de l'infante Pilar et même de Lionel Messi, l'Argentin du Barça qui l'a jouée hispano-corporate, le dossier présenté par Madrid pour l'obtention des Jeux olympiques d'été 2020 était blindé lors de sa présentation finale, vendredi 6 septembre 2013 au Hilton de Buenos Aires, par la délégation menée par le prince héritier Felipe d'Espagne.
Mais le sport est ainsi fait que jusqu'à la dernière seconde, rien n'est jamais acquis, et qu'il n'y a toujours qu'un vainqueur. Après un ultime grand oral samedi midi, Istanbul, soutenu par le buteur ivoirien de Galatasaray Didier Drogba, Tokyo, a priori fragilisée par les questions sur les répercussions de la catastrophe de Fukushima, et Madrid, dont c'est la troisième tentative mais qui se targue de disposer déjà de 80% des sites nécessaires, qui ont vanté leurs mérites et exposé (dans cet ordre-là) leurs qualités, attendent fiévreusement le verdict du Comité International Olympique (samedi à 20 heures, heure française), que le prince Albert de Monaco a rallié en vitesse, laissant son épouse Charlene seule pour la finale des Masters de pétanque aux pieds du palais princier.
Vendredi soir, à l'occasion d'une soirée de gala au Teatro Colon de la capitale argentine, Jacques Rogge, qui s'apprête à achever son long mandat à la présidence du CIO, avait ouvert la 125e session de l'instance sportive. Une session au cours de laquelle son successeur sera désigné, le 10 septembre. Mais avant cela, deux mégalopoles, deux nations mettront un mouchoir sur leurs espoirs tandis qu'une troisième entrera dans un marathon plein d'effervescence pour accueillir dans sept ans la plus grande manifestation sportive de la planète.
Sur le tapis rouge déroulé au Teatro Colon, les sourires étaient aussi radieux que les tenues étaient soignées, à l'image de la robe fourreau noire, très glamour, de la princesse des Asturies, qui était précédemment apparue dans un style rock et décontractée après son arrivée sur place. Mais pour certains, dont le couple princier représentant la couronne d'Espagne à la tête d'une délégation de ministres, experts et athlètes, cette décontraction de façade cachait probablement une grande nervosité. Côté ibérique, même le Premier ministre Mariano Rajoy avait fait le déplacement, aux antipodes de Saint-Pétersbourg et du G20, signe de l'importance de décrocher les JO et tout le dynamisme qui va avec pour un pays enlisé dans la crise.