En juin sortait I.C.U., le premier EP de Lou Doillon. Une découverte troublante suivie d'un coup de foudre immédiat. Dès les premières secondes, on oublie toutes les appréhensions, l'étiquette "actrice qui chante" doublée de celle de "fille de". Car la voix de Lou Doillon est bouleversante de gravité, habitée comme le sont ses textes, d'une sincérité qui vous bouscule, et ses mélodies. En trois chansons, on découvre que Lou Doillon, comédienne et mannequin, est surtout musicienne et chanteuse. C'est Étienne Daho qui l'accompagne dans cette aventure ; il produit et arrange I.C.U. et l'album Places attendu en septembre.
Cette semaine, Lou Doillon donne une longue interview aux Inrockuptibles. Interview dans laquelle elle parle de sa place au sein du clan Gainsbourg, de son père Jacques Doillon et de sa rencontre avec Daho. La genèse de cet album en somme. "J'ai longtemps été le vilain petit canard de la famille, j'étais pas spécialement douée, pas spécialement jolie et je ne montrais rien de vraiment intéressant. Aujourd'hui, on vient me féliciter pour les chansons parce qu'on a l'impression que je me suis enfin trouvé une place à moi. Cette place, je l'ai construite à l'écart du reste de ma famille, mais ça a pris du temps..." C'est pourtant grâce à Jane Birkin, sa mère, que Lou Doillon en est venue à enregistrer les chansons qu'elle porte depuis si longtemps : "C'est ma mère qui m'a joyeusement dénoncée à Étienne Daho, s'amuse-t-elle dans Les Inrocks. S'il se passe quelque chose d'un peu magique avec ce disque, sans prétention aucune, c'est que cette rencontre n'aurait jamais dû avoir lieu. Étienne est ami de ma mère et de ma soeur Charlotte [Gainsbourg, NDLR], moi je le connaissais très peu. (...) Ce que j'aime dans notre association, c'est cette rencontre entre la pop française et ce qui peut s'apparenter à du vieux folk. Ce n'est pas la musique qu'il aime le plus et moi, je ne me sens pas plus proche que ça de la pop française : cette espèce de malentendu bizarre nous a conduits, je ne sais par quelle magie, à un coup de foudre artistique et humain."
Si Daho produit, le mixage de l'album a été confié à Philippe Zdar. La moitié de Cassius a produit de très grands disques ces dernières années comme ceux de Phoenix et de Rapture, en attendant celui de Cat Power pour cette rentrée. De cette rencontre entre Daho et Lou Doillon, il estime aussi qu'elle est d'ordre surnaturel : "Entre Étienne Daho, qui signe peut-être sa meilleure réalisation, et Lou Doillon, c'est comme s'il y avait eu un alignement de lunes."
Lou Doillon a d'abord fait du cinéma - "La seule raison pour laquelle j'ai commencé à faire du cinéma, c'est pour être avec mon père" - puis se laisse tenter par le mannequinat. Elle est la première dans la famille, alors elle est fière et ça paye les factures : "Le mannequinat m'a sauvé la vie car j'avais besoin de bouffer et d'élever mon fils", le petit Marlowe (9 ans), dont le père est le musicien Thomas-John Mitchell. Finalement, elle reprend goût à la comédie grâce au théâtre et, aujourd'hui, se dessine pour Lou Doillon un chemin bien à elle dans la musique... "J'ai l'impression d'avoir été floue pendant trente ans et qu'avec ce disque, on me voit enfin nette."
I.C.U. (Barclay/Universal) déjà disponible.
L'album Places de Lou Doillon, produit par Etienne daho, en septembre.
L'intégralité de cette interview, à ne pas manquer dans le nouveau numéro des Inrockuptibles, en kiosques le mercredi 11 juillet.