Même la soixantaine passée, un adulte reste toujours l'enfant de ses parents. Et c'est Marc Lavoine qui en parle le mieux, dans une interview accordée ce samedi 1er juin à Bernard Montiel. Interrogé sur les ondes de RFM sur le deuil délicat de sa mère, décédée en 2011 à l'âge de 75 ans des suites d'une longue maladie, le chanteur a révélé avoir couché sur papier les différentes étapes de son deuil. Son roman autobiographique, baptisé Quand arrivent les chevaux, qu'il peaufine depuis plus de quatre ans, sortira en janvier prochain dans toutes les librairies.
Si Micheline Collin est décédée depuis maintenant treize ans, elle n'en reste pas moins présente dans le coeur et l'esprit de son fils chéri. Comme il l'a confié au chroniqueur de Touche pas à mon poste, Marc Lavoine continue de penser quotidiennement à sa défunte mère, et la moindre petite activité de la vie courante le rappelle à des souvenirs d'enfance qui le relient à cette dernière. C'est le cas notamment de la douche, un moment à part au cours duquel il parle à sa maman : "C'est bizarre hein ? Je lui parle, j'ai l'impression qu'elle m'entend" a révélé, ému, l'interprète des Yeux Revolver qui a provoqué une petite polémique sur le plateau de The Voice la semaine dernière en chantant avec un chewing-gum son célèbre tube.
Et de poursuivre : "Quand je prends ma douche, en général, j'ai les mains sur la tête, je me passe mon shampoing, et chez nous, il y avait une douche quand j'étais petit, et là, je la vois. Je pense à elle, à mon père aussi". Cadet d'une fratrie de trois enfants, Marc Lavoine a un frère prénommé Francis, de cinq ans son aîné, et une demi-soeur de dix-huit ans sa cadette, issue du troisième et dernier mariage de son père. Lucien Lavoine, né en 1934, employé aux PTT et militant cégétiste et communiste pendant toute sa vie, est décédé en 2006, au cours de sa 72e année.
D'autres moments de la vie quotidienne le ramènent à son enfance, comme le passage obligé devant le miroir : "À chaque fois que je suis devant mon miroir, que je me rase, elle mettait de la laque le matin, je la regardais mettre sa laque et je la trouvais très élégante, très jolie. Donc ça, ça me revient pratiquement tous les jours" s'est-il remémoré. Quelques années plus tôt, dans une interview accordée à Psychologies Magazine, l'ex-époux de la romancière Line Papin et de la décoratrice Sarah Poniatowski, avec laquelle il a eu trois enfants, s'était confié sur la douloureuse maladie dont a souffert sa mère toute sa vie, et qu'elle a lui a bien tristement léguée : la lypémanie, une forme de mélancolie profonde.
Marc Lavoine s'est souvenu cette année-là des derniers instants de sa mère : "Ma maman était couchée comme une petite feuille morte, sa peau triste et flétrie de n'être plus embrassée ni touchée. J'ai eu la sensation de l'abandonner. Pourtant, c'est elle qui m'a demandé de partir" "Cette séparation durera toute ma vie. L'abandon ne nous abandonne jamais. Et souvent, j'ai peur d'être abandonné. Partir, passer à autre chose, je ne sais pas bien faire. Ou me voir empêché d'aimer encore quelqu'un parce qu'il ou elle part, ou meurt : cela peut me plonger dans une très, très grande déprime." Malgré le temps qui passé, la douleur de l'absence est toujours aussi présente chez Marc Lavoine : "Elle me manque, vous savez. C'est grâce à elle si je vois toujours la vie en rose et bleu, comme dans les tableaux de David Hockney. La mélancolie de ma mère leur ressemblait. Le chagrin ne l'a jamais rendue aigrie. Et je vis encore avec tout ce qu'elle m'a donné d'elle. Au fond, nous sommes peut-être moins séparés que jamais."