"Car aucune femme sur la planète / N´s´ra jamais plus con que son frère / Ni plus fière, ni plus malhonnête / À part peut-être Madame Thatcher", chantait Renaud en 1985 sur l'album Mistral Gagnant. Le décès de la Dame de fer, première femme à avoir dirigé le Royaume-Uni au poste de Premier ministre de 1979 à 1990, réveille bien des controverses sur son héritage politique. Dans une ambiance délétère s'organisent ses funérailles.
Renaud n'était pas le premier, ni le dernier à (dé)chanter Madame Thatcher. Dans les années 1980, ils étaient nombreux à la critiquer ouvertement dans leurs textes, quand ce n'était carrément pas souhaiter sa mort comme Morrissey dans sa chanson Maggie On The Guillotine. Interrogé par La Provence, puisqu'il vit désormais au vert près de la Sorgue dans le Vaucluse, Renaud n'a rien à dire : "Je m'en fous. Je n'ai pas de peine."
On danse vraiment sur sa tombe
Tandis qu'en Thaïlande, on confond dans les JT Margaret Thatcher et Meryl Streep (qui l'avait incarnée au cinéma dans The Iron Lady) et qu'à Taïwan, plus grave, on la confond même avec la reine Elizabeth, pour ceux que cela concerne vraiment, les Anglais, c'est un tout autre malaise qui s'est installé. Lundi 7 avril, de nombreuses fêtes ont été organisées pour célébrer la mort de la Dame de fer et certaines ont nécessité l'intervention de la police pour des débordements et des dégradations. On ne danse pas sur les tombes en silence, ni sans faire de casse, visiblement... Six policiers ont même été blessés à Bristol. Reste l'épineuse question de ses obsèques. Comment rendre hommage à cet ancien Premier ministre que bon nombre de citoyens britanniques détestent ?
La dépouille de Margaret Thatcher a quitté discrètement dans la nuit le Ritz de Londres où, très diminuée par la maladie d'Alzheimer, elle séjournait depuis plusieurs mois et où elle est morte hier matin des suites d'un accident vasculaire cérébral. Ses funérailles, indique l'AFP, auront lieu mercredi 17 avril. Le gouvernement a décidé que la première femme à avoir gouverné le Royaume-Uni recevrait les honneurs militaires à la cathédrale Saint-Paul, après une procession entre Westminster et la cathédrale. Il s'agira d'"obsèques cérémonielles", selon la terminologie officielle, comme celles organisées pour Lady Diana et la reine-mère Elizabeth.
Obsèques pragmatiques
Le Premier ministre conservateur, David Cameron, assistera à la cérémonie comme Elizabeth II (qui n'aurait, dit-on, jamais porté Maggie dans son coeur) et le duc d'Edimbourg. Mais Margaret Thatcher n'aura pas droit à des obsèques nationales, celles que le Royaume réserve aux grandes figures de la vie publique, souvent d'anciens premiers ministres. Pour certains - comme l'éditorialiste du Daily Mail -, c'est un affront que de lui refuser cet honneur, pour d'autres, les obsèques cérémonielles sont déjà bien généreuses pour une femme politique qui a autant divisé le pays.
Qu'en aurait pensé Madame Thatcher ? Pragmatique, elle ne voulait pas de funérailles nationales, "pas plus que sa famille", nous apprend son porte-parole Tim Bell, car elle "pensait que c'était de l'argent gaspillé". Demeure cette ambiance passionnelle dont Geri Halliwell a fait les frais sur Twitter : la Spice Girl s'est attiré les foudres en rendant hommage sur le réseau de micro-blogging à "la première Lady du girl power, la fille d'un épicier qui [lui] a appris que tout était possible". Devant la levée de boucliers et de critiques virulentes, Halliwell a retiré son message et présenté ses excuses.