Chose promise, chose due. La danseuse étoile, chorégraphe et juge de l'émission Danse avec les stars Marie-Claude Pietragalla a tenu à donner sa version des faits dans l'embrouille judiciaire qui l'oppose à la mairie de Bagnolet. La star et sa troupe Théâtre du corps occupent des locaux minicipaux depuis cinq ans mais sont sur le point d'en être expulsés après la saisie de la justice opérée par la mairie, qui affirme, par la voie de son avocat Me Florian Borg, qu'il s'agit d'une "occupation illicite" et que la danseuse "occupe sans droit ni titre depuis septembre 2014" lesdits locaux.
La compagnie occupe des lieux en toute légalité...
Voici la réponse de Marie-Claude Pietragalla concernant tout d'abord la question de la légalité de l'occupation des locaux municipaux : "La compagnie occupe des lieux en toute légalité en application du statut des baux commerciaux. Le maire de Bagnolet prétend que la compagnie occupe les lieux sans droits ni titres depuis le 7 septembre 2014, ce qui est parfaitement erroné. En effet, comme la compagnie l'a maintes fois expliqué à la mairie de Bagnolet, la convention qui les lie sur les locaux en cause ne peut être qualifiée de convention d'occupation précaire à défaut pour la mairie de Bagnolet de justifier d'un motif objectif de précarité. Il s'agit au contraire d'un bail commercial qui a pris effet en 2008 pour venir à échéance neuf ans plus tard soit en 2017. En outre, la compagnie a toujours veillé à payer régulièrement le loyer et des charges locatives conformément aux appels de fonds émanant de la trésorerie publique de la ville de Bagnolet. Ainsi, la compagnie bénéficie d'un titre régulier d'occupation jusqu'en 2017 n'en déplaise à la commune de Bagnolet qui ne peut prétendre à la libération des locaux de manière unilatérale et en méconnaissance des droits de la compagnie. A cet égard, la mairie de Bagnolet prétend de manière parfaitement fallacieuse que la compagnie lui aurait réclamé la somme de 220 000 euros pour quitter les locaux litigieux, ce qu'elle n'a jamais fait. De manière générale, la mairie de Bagnolet feint visiblement de ne pas comprendre qu'elle se trouve dans un rapport de droit privé, et n'a de cesse de porter ce débat sur la place publique. Marie-Claude PIETRAGALLA et Julien DEROUAULT font ainsi l'amer constat que le maire de Bagnolet tient des propos mensongers tendant à déformer la réalité des relations contractuelles entre la commune de Bagnolet et notre compagnie, nous nous réservons donc la possibilité de porter une action en justice sur ces propos."
Marie-Claude Pietragalla avait jusqu'au 30 juin pour quitter les locaux municipaux occupés depuis cinq ans par sa troupe de danseurs et danseuses. Des lieux de 450 m² attribués par l'ancien maire PCF de la commune selon une convention dite d'occupation précaire, qu'elle louait pour une petite somme. Mais celle-ci n'a pas bougé. Résultat, la mairie PS de Bagnolet a saisi la justice afin de l'expulser des lieux. "Nous demandons au juge de faire sortir Mme Pietragalla", a déclaré à l'AFP l'entourage du maire, qui a saisi mercredi le tribunal de grande instance de Bobigny "pour constater une occupation illicite", a ajouté l'avocat de la municipalité, Me Florian Borg.
La danseuse étoile et chorégraphe, qui travaille et exerce son art dans cette salle située à quelques pas de la porte de Montreuil avec son compagnon Julien Derouault, n'a donc pas bougé malgré l'ultimatum de la mairie, qui souhaite installer une partie des 450 élèves de l'école Jules Ferry sise à quelques mètres de là. "Le 1er juillet, nous avons prévenu Mme Pietragalla qu'un huissier viendrait constater son départ au 15 juillet", a ajouté l'entourage du maire, qui explique que Marie-Claude Pietragalla aurait assuré qu'elle ne serait pas présente au rendez-vous et qu'elle ne comptait pas quitter les lieux.
Face à l'intransigeance de la mairie, la danseuse se montre choquée. "Un acte politique lourd de conséquences. Cet acte démontre le mépris que le nouveau maire porte à la culture et à la danse en particulier. Cette tentative de suppression de l'outil de travail de la compagnie montre la volonté de nuire à son activité. Dans le contexte actuel de pénurie d'équipements et de studios de danse en Ile-de-France, la disparition de ce lieu d'accueil d'artistes et de transmission est d'autant plus choquante. Un lieu réhabilité par le Théâtre du Corps sur ses fonds propres. La compagnie a réhabilité ce local laissé à l'abandon en 2008 en investissant sur ses fonds propres à hauteur de 200 000 euros avec le soutien de la région Ile-de-France en accord avec l'ancien Maire (PCF), Marc Everbecq", a-t-elle écrit.
Et d'ajouter : "Le mépris et le mensonge ne font pas une politique. Le maire a refusé toute discussion avec la compagnie et décliné tout rendez-vous proposé par la région Ile-de-France pour trouver des solutions au conflit. La calomnie sur des chiffres hypothétiques est consternante de la part d'une mairie. (...) Que des artistes puissent être poursuivis en justice et expulsés des lieux qu'ils ont créés au sein d'une municipalité montre à quel point la situation et la place de l'artiste sont remis en cause dans notre pays. L'intérêt général n'est pas la somme d'intérêts particuliers et il est de notre devoir d'artiste d'alerter sur le comportement irrespectueux et violent de la politique d'une ville et de son maire."
Marie-Claude Pietragalla est actuellement en Avignon dans le cadre du Festival off, où elle présente Être ou paraître jusqu'au 26 juillet au théâtre du Chien qui fume avec son compagnon Julien Derouault.
Thomas Montet