Bientôt neuf ans après avoir embrassé la nationalité danoise par son mariage en 2008 avec le prince Joachim, second fils de la reine Margrethe II de Danemark, Son Altesse Royale la princesse Marie (née Cavallier) peut se targuer de faire conjointement la fierté de son pays d'origine, la France, et de sa patrie d'adoption, le Danemark, un royaume qui l'a aussi pleinement adoptée. Comme un symbole de cette destinée transfrontalière, l'épouse du prince Joachim, âgée de 41 ans, recevait vendredi 7 avril 2017 à Copenhague les insignes de Grand officier dans l'ordre de la Légion d'honneur, deuxième grade de l'ordre honorifique français. Dans les mots élogieux et vibrants de l'ambassadeur de France au Danemark François Zimeray, auteur d'un discours – disponible dans son intégralité sur le site de l'ambassade – au souffle et à l'esprit remarquables, l'estime des deux nations résonnait...
Ex-Française, servitrice irréprochable de la monarchie danoise, épouse et maman de deux enfants (le prince Henrik et la princesse Athena, qui l'accompagnaient quelques jours plus tôt en "mission officielle" pour l'inauguration d'un fameux parc d'attractions), la Parisienne de naissance, fille du publicitaire Alain Cavallier et de son ex-femme Françoise Grassiot (présents pour l'occasion), et petite-fille d'aristocrates, a accepté avec l'humilité et la simplicité qui la caractérisent ce grand honneur, en présence de sa famille.
Élégance, passion, discrétion : cette façon que vous avez d'incarner la noblesse d'une famille et d'un peuple
Frappé, en préambule, par la notion de dignité que lui inspire la princesse Marie de Danemark en pensant "au rôle qui est le [sien] au sein de la monarchie", François Zimeray a loué notamment "la façon qu['elle a] d'incarner la noblesse d'une famille et d'un peuple" : "Avec élégance, dans la tension entre la passion que vous mettez en toute chose et la part de discrétion, d'abnégation, que cela suppose également, dont vous ne laissez rien paraître."
"Cette Légion d'Honneur, la plus haute distinction que la France puisse accorder, s'adresse à la Princesse, et à travers elle à toute la famille royale de Danemark. Mais d'abord, elle consacre vos mérites personnels, a souligné le diplomate, en poste dans la capitale nordique depuis 2013, devant le prince Joachim, époux de Marie, et le prince consort Henrik, son beau-père, lui-même d'origine française, mais aussi en présence de ses parents, Alain Cavallier et Françoise Grassiot, et de ses frères. Elle témoigne de l'affection profonde de la France pour votre famille et pour le Danemark. Car vous le savez nos pays partagent une histoire commune et millénaire. C'est toute cette relation faite de valeurs et d'engagement que vous incarnez magnifiquement, et dont vous renforcez la proximité. Faut-il le rappeler une fois encore, le Danemark et la France, dans la longue Histoire, ont souvent bataillé côte à côte et jamais face-à-face, comme ils se battent ensemble pour les libertés de conscience et d'expression, l'égalité des sexes, c'est-à-dire un art de vivre qui s'appelle une civilisation et que vous représentez parfaitement auprès de la Commission nationale danoise de l'Unesco."
Illustration forte, autant que douloureuse, du double attachement national de la princesse Marie, l'ambassadeur se souvient de leur moment de communion endeuillée au lendemain des attentats du Stade de France et du Bataclan. "Comme tant d'Européens, vous avez épousé une nouvelle nation, tout en restant attachée à celle dont vous venez : je n'oublierai jamais votre émotion et celle de votre famille, lorsque vous étiez venue vous recueillir devant l'Ambassade avec le peuple de Copenhague au lendemain du 13 novembre 2015", s'est-il remémoré.
Avec une admiration sincère, François Zimeray s'est fait fort d'énumérer certaines des actions remarquables de l'héroïne du jour et de décrire, pour l'avoir vue à l'oeuvre, l'énergie qu'elle y déploie : marraine du prix de la littérature de langue française du Danemark, elle est ainsi à ses yeux "l'incarnation de cette femme française qui a toujours tenu une place éminente dans notre culture et symbolise notre liberté", dans la lignée des Marianne, Madame de La Fayette, Marie Curie, Lucie Aubrac ou encore Simone de Beauvoir ; "femme engagée", elle aurait fait "une excellente avocate" – "j'ai vu que vous ne lâchiez pas !", s'exalte-t-il ; "engagée dans les grands défis de notre temps", elle prône la lutte contre le gaspillage alimentaire, "soucieuse de l'état de la Terre que nous laisserons à nos enfants" ; "également concernée par l'esprit des enfants que nous laisserons à notre Terre", elle se mobilise en faveur de la jeunesse et de l'éducation, "qu'il s'agisse de lutter contre l'autisme, de venir en aide aux enfants de l'hôpital d'Odense ou de patronner des universités" ; ses engagements humanitaires contre la pauvreté, aussi bien à l'étranger qu'auprès d'ONG danoises, "sont impressionnants", tout comme sa présence en personne sur le terrain ; à cet égard, son engagement régulier auprès de l'Agence danoise de gestion d'urgence, qui lui a dispensé plusieurs formations, est exemplaire et elle aimerait en faire plus – "mais votre statut y fait obstacle. Ce regret vous honore infiniment" ; sans oublier ses engagements européens, elle qui est née à Paris, a étudié en Suisse et aux États-Unis, parle cinq langues ("le danois, l'anglais, l'italien, l'espagnol... et même, dit-on, le français", s'amuse l'ambassadeur) et a "choisi d'appeler [sa] fille Athéna, déesse du berceau de l'Europe"...
Et cela vous va très bien, Madame.
"Car cette vie d'engagement, a éloquemment poursuivi le maître de cérémonie, vous la menez en fidélité à vos origines, à ceux qui vous ont faite – je salue vos parents et frères, venus spécialement de France – et avec au coeur le chaud souvenir de votre grand-mère, la baronne Odile de Sairigné, qui était pour vous un repère et une source d'équilibre. Cette vie d'engagement, vous la menez également grâce au soutien de votre mari le prince Joachim, qui vous encourage et dont vous dites avec admiration qu'il est 'toujours positif'."
Avant d'épingler une princesse Marie radieuse devant sa famille, superbe dans une robe framboise manches trois-quarts, entre les murs de l'ambassade au sein du Palais Thott, sur la Nouvelle Place Royale à Copenhague, François Zimeray lui a adressé un ultime compliment joliment tourné. "Vous avez parfaitement adopté la façon d'être d'une famille mêlant au quotidien la simplicité à la sophistication, s'est-il réjoui de constater, à l'heure où le monde est au contraire "submergé par la vulgarité" et la brutalité. Votre royaume atteste que la noblesse n'exclut pas la simplicité. Et cela vous va très bien, Madame. De la sorte, vous incarnez avec exigence la continuité historique, le raffinement, la culture et l'engagement."
Présente dans l'assistance, l'ambassadrice du Danemark en France, Kirsten Biering, a confirmé sur Twitter le sentiment exprimé par son homologue : "Nous sommes si fiers de pouvoir compter la princesse Marie parmi les nôtres", a-t-elle tweeté.
GJ