Tout juste couronnée d'un titre suprême à Wimbledon et arrivée au top de sa forme à 28 ans, Marion Bartoli range sa raquette... Aussi incroyable que cela puisse paraître, la numéro un française a en effet annoncé qu'elle arrêtait sa carrière après sa défaite au tournoi de Cincinnati aux Etats-Unis ! "Il est temps pour moi de mettre un terme à ma carrière (...) Mon corps n'arrive plus à tout supporter", a justifié la tenniswoman hier soir, mercredi 14 août 2013. Une décision surprenante qui suscite déjà une certaine incompréhension, une ultime péripétie...
A peine arrivée au sommet, Marion Bartoli laisse donc sa place. C'est ce qu'a annoncé la joueuse après sa défaite au deuxième tour du tournoi WTA de Cincinnati contre la Roumaine Simona Halep (3-6, 6-4, 6-1) et à quelques jours du début de l'US Open. Une décision qu'elle explique par des difficultés physiques trop importantes pour poursuivre sa carrière. "J'ai subi beaucoup de blessures depuis le début de l'année. Je suis sur le circuit depuis si longtemps, et j'ai vraiment forcé et tout donné pendant ce Wimbledon, estime la septième joueuse mondiale. J'ai senti que j'avais épuisé toute l'énergie restante dans mon corps. J'ai réalisé mon rêve et ça restera avec moi pour toujours, mais maintenant mon corps n'arrive plus à tout supporter."
Si Marion Bartoli semble fatiguée physiquement, la joueuse semble aussi surtout épuisée mentalement. "J'ai mal partout après 45 minutes ou une heure de jeu (...) Je fais ça depuis si longtemps. Et, oui, c'est juste que physiquement parlant je n'y arrive plus (...) Après un set, tout mon corps me faisait mal. Tout le monde se souviendra de mon titre à Wimbledon - personne ne se souviendra de mon match joué ici", a déclaré en salle de conférence celle qui n'a joué que trois matchs depuis son sacre, abandonnant au tournoi de Toronto lors de son retour à cause d'une douleur à la ceinture abdominale. Une décision pas facile à prendre, comme en témoigne ce tweet publié par la championne. "Bonjour à tous ! 4h55 du mat, je n'arrive pas à dormir, je lis tous vos messages et j'ai les larmes aux yeux. Merci pour tout votre amour", a-t-elle écrit ce matin - 11 heures en France.
En réalisant son rêve avec ce titre à Wimbledon, après tant de sacrifices et une carrière émaillée de nombreuses difficultés, Marion Bartoli estime donc être arrivée au bout de son histoire avec le tennis. Manque d'ambition ? La Française installée dans le top 10 laisse en tout cas sur leur faim de nombreux amateurs de tennis en quittant un circuit dans lequel elle semblait enfin capable de tous les exploits, à 28 ans seulement. Comme si avoir gagné Wimbledon "suffisait" désormais à son bonheur et pouvait lui permettre de tout arrêter du jour au lendemain. "Un, c'est déjà bien pour moi. Je serai toujours très fière d'avoir été championne de Wimbledon, même si je n'en gagne pas d'autres", avait-elle ainsi déclaré au Monde.
Il faut dire que Marion Bartoli a connu un parcours des plus difficiles pour arriver au sommet et à cette victoire à Wimbledon que personne n'attendait. Handicapée par un physique commun selon ses dires, obligée de faire "plus de sacrifices que les autres" pour afficher le niveau de forme exigé, elle n'est à la base "pas faite pour le haut niveau", d'après son père Walter, ce médecin qui l'a initiée au tennis à l'âge de 6 ans. Personnalité à part dans le monde du tennis, la Française va mettre du temps à éclore au plus haut niveau, privilégiant d'abord ses études. "Je n'avais pas le projet d'être professionnelle jusqu'à ma victoire à l'US Open juniors à 17 ans. J'avais plus de facilité à l'école qu'en tennis", raconte la brillante joueuse, adepte des Sudoku, peintre à ses heures perdues, et parlant un anglais parfait.
Atypique, Marion Bartoli a souvent été raillée pour ses méthodes d'entraînement peu académiques et sa relation avec son papa Walter. Couvée par ce dernier, elle a ainsi refusé pendant 8 ans de jouer pour l'équipe de France de Fed Cup parce que son père ne pouvait l'accompagner. Autre sujet de moquerie : son physique. Celle qui a souvent été pointée du doigts pour son poids déplorait ainsi avoir du mal à trouver des sponsors : "pas assez blonde, assez grande, ou assez mince", expliquait la fan de l'Olympique de Marseille. Affranchie de la tutelle de son père par consentement mutuel, revenue en équipe de France, elle va ensuite réaliser l'exploit de sa vie à Wimbledon, devenant la troisième Française depuis le début de l'ère Open en 1968 à gagner l'un des quatre tournois du Grand Chelem.
Cette annonce de Marion Bartoli surprend d'autant plus que la joueuse n'avait laissé transparaître aucune fatigue ces derniers jours. Celle qui avait repris très vite le chemin de l'entraînement après Wimbledon avait ainsi déclaré aimer "travailler dur" lors d'une conférence de presse la semaine dernière avec l'US Open en ligne de mire. "Il était temps de remettre les bouchées doubles à l'entraînement, car je veux continuer à gagner", expliquait-elle. Mais désormais, les victoires ne s'écriront qu'au passé pour Marion Bartoli...