Parfait. C'est le mot qui vient à l'esprit après la brillante victoire de Marion Bartoli en demi-finale de Wimbledon ce jeudi 4 juillet. La Française s'est offert une seconde finale sur le gazon londonien après 2007. Une surprise après son début d'année raté qui l'avait vue plonger à la quinzième place, mais une finale méritée pour cette jeune femme qui a su prendre des décisions difficiles pour se relancer...
Son père, ce héros
En premier lieu, Marion Bartoli a changé sa structure d'entraînement. Une nouvelle fois serait-on tenté de dire. En début d'année déjà, la tricolore avait tenté de s'éloigner de son père, entraîneur ultraprésent qui avait abandonné son métier de médecin pour la suivre. Une expérience mitigée pour Marion, qui avait peiné pour trouver une structure à sa convenance, avant de rappeler son géniteur en catastrophe avant Roland-Garros. Expérience peu concluante auprès d'un homme toujours aussi exigeant, qui l'avait conduite à écarter une fois de plus ce père avec qui elle entretenait une relation plus que fusionnelle par le passé. Mais pour la finale, Walter sera bien évidemment présent dans les tribunes, lui qui était resté en France jusque-là. "C'est super important pour moi qu'il soit là. Mon père est associé à tout ce que je fais aujourd'hui. Il fait partie de ce que je suis. Il m'a tout appris sur le plan tennistique. Il est ce que je suis aujourd'hui. Il fait partie de moi. Inconcevable qu'il ne soit pas là. Donc je suis très heureuse qu'il vienne", expliquait Marion Bartoli une heure après sa demi-finale.
Confiance et décontraction
Une demi-finale que la jeune femme de 28 ans a expédiée, ne laissant que des miettes à la Belge Kirsten Flipkens, balayée par la tornade Marion Bartoli (6-1, 6-2). "C'est juste un moment incroyable, confiait la gagnante du jour juste après le match. J'avais la chair de poule, je tremblais. Vous rêvez de ces moments-là, de jouer la finale de Wimbledon. C'est magnifique à vivre. J'ai eu des larmes de joie, de bonheur, de tension qui retombait. C'est du bonheur à l'état pur. Je n'arrêtais pas de me dire : 'C'est incroyable, c'est incroyable. Voilà, j'y suis.'"
Fan de Bob Sinclar, reine du Soduku, peintre émérite et détentrice d'un QI de 175, supérieur à ceux d'Einstein, Bill Gates ou encore Beethoven, Marion Bartoli s'était même octroyé une petite sieste quelques minutes avant le début de la rencontre, sûre de ses forces et d'une confiance retrouvée auprès de Thomas Drouet, son sparring-partner devenu par la force des choses son confident et conseiller. "Thomas et moi, on est des gens simples, explique Marion. Le courant passe super bien entre nous. Je le taquine parfois, ça participe à l'ambiance. Avoir le même âge aide aussi aux relations. (...) On peut se chambrer beaucoup plus facilement."
Bien évidemment, celui qui a rejoint récemment Marion Bartoli était aux anges dans les colonnes de L'Équipe : "On va aller la chercher la coupe ! C'est dans les moments où il y a beaucoup de pression que Marion exploite le mieux son potentiel. Yannick [Noah, NDLR] disait pendant Roland-Garros que c'est pas parce qu'on est Français qu'on perd en finale. J'y pense tous les jours à cette phrase..."
Hommages
Impressionnante de régularité, puissante sur toutes ses frappes, physiquement au point, la Française arrive en finale avec la fraîcheur d'une quinzaine parfaite, elle qui n'aura perdu aucun set jusque-là. De quoi susciter l'admiration de tous. Billie Jean King, douze titres du Grand Chelem à son actif, ne tarissait pas d'éloges : "Bartoli fait partie des plus grandes. (...) Elle est incroyable. Elle est vraiment sous-estimée. Bien plus forte que ce qu'imaginent les gens. J'aime sa volonté, elle a une telle intensité émotionnelle ! Elle s'accroche, ne lâche jamais." Même son de cloche chez Fabrice Santoro : "Énorme respect, c'est une grande championne. Une fille qui a fait son boulot dans son coin, qui est gentille. Les heures qu'elle a passées sur le terrain, en salle de gym depuis des années et des années... Elle a bossé très, très dur. On est tous admiratifs."
Admiratifs, on pourrait bien l'être d'avantage encore ce samedi si Marion Bartoli venait à vaincre Sabine Lisicki, tombeuse de la numéro un mondiale Serena Williams il y a quelques jours. Et Amélie Mauresmo, capitaine de Fed Cup qui joue les conseillères auprès de la Française n'en démord pas. Marion Bartoli peut le faire. "Au vu de ce match, je pense que Marion a la carrure pour gagner la finale, confie l'ancienne vainqueur de Wimbledon en 2006. Elle a montré par l'attitude, le niveau de jeu et la manière d'aborder les choses du début à la fin que c'était possible."
Avec Marion, tout est possible...