Outre-Manche, Marion Cotillard a fait des confidences généreuses et parfois surprenantes. L'actrice française est actuellement en promotion en Grande-Bretagne pour le film Deux jours, une nuit, des frères Dardenne. Un long métrage pour lequel elle s'est glissée dans la peau de Sandra, une femme qui se bat pour garder son travail. Le récit se déroule en Belgique mais il est universel puisqu'il s'agit de la lutte pour garder un emploi dans un univers particulièrement impitoyable. Afin d'incarner au mieux l'héroïne, elle a ainsi frôlé l'état mental dans lequel elle était, la dépression, comme elle le raconte pour The Telegraph.
Proche de la dépression
"Tous les personnages que j'ai eu l'occasion de jouer sont des survivants. Mais nous vivons dans un monde où survivre est la chose que font la plupart d'entre nous." Dans Deux jours une nuit, son personnage, Sandra, doit surmonter sa dépression et avoir le courage d'aller à la rencontre de ses collègues pour leur demander de refuser leur prime, et lui permettre ainsi de garder son travail : "J'ai été proche de la dépression, mais quand je sentais que je pouvais vraiment me perdre, j'ai réussi à m'en échapper. Mais pendant un moment, j'ai su ce que c'était de ne plus avoir goût à rien. Je me suis sentie vide et inutile. J'ai pris ce sentiment et je l'ai accentué."
Marion Cotillard en profite d'ailleurs pour souligner à quel point la dépression est souvent mal comprise : "Quand les gens ne savent pas vraiment ce qu'est la dépression, ils peuvent être très moralisateurs. 'Quoi ? Tu ne peux pas te lever le matin ?' Si l'on ne comprend pas la maladie, on pense que ça ne peut pas être si dur de se bouger. Et pourtant, ça l'est."
Ce n'est pas la première fois que Marion Cotillard aborde le fait qu'elle s'implique beaucoup émotionnellement pour ses personnages. Lorsqu'elle a incarné Edith Piaf dans La Môme, le film qui lui a valu l'Oscar, le BAFTA, le Golden Globe et le César, elle a continué à être habitée par le fantôme de l'icône une fois le tournage terminé. Elle a même tenté l'exorcisme pour être dépossédée de son héroïne, comme elle l'avait confié au Guardian.
Plonger et savoir sortir ensuite la tête de l'eau
Toutefois, Marion Cotillard a appris à se défaire de ses rôles : "Entrer dans un personnage fait partie du processus, mais en sortir aussi. Je veux aller aussi loin que je peux, mais d'une façon qui me permet ensuite de revenir", dira-t-elle au Telegraph. Avec son prochain film, Macbeth, les choses n'ont pas été simples non plus : "C'est la première fois que je joue un personnage sans lumière, dans l'obscurité totale, a expliqué Marion Cotillard à Variety. Quand elle perd le contrôle... Je suis affectée par mon rôle lors du tournage, donc j'ai perdu le contrôle comme elle. C'était très difficile à gérer."
Mais désormais maman d'un petit Marcel, 3 ans, qu'elle a eu avec son compagnon Guillaume Canet, elle se protège plus. "Je veux lui éviter d'être atteint par ricochet par les mauvaises ondes d'un film, celles que je porte avec le personnage que j'interprète. J'ai été très heureuse sur le film des frères Dardenne bien que j'aie dû y passer mes journées en petite forme. Au retour, comme je suis maman, je devais gérer cet état", avait-elle confié à Grazia.