À 38 ans, Marion Cotillard ne cessera jamais de nous surprendre. Star discrète et protectrice, maman d'un petit Marcel qu'elle couve avec intelligence aux côtés de son compagnon Guillaume Canet, l'actrice française mène une vie idyllique, entre sa famille et divers projets qui l'envoient un coup à Hollywood chez Christopher Nolan (Inception, The Dark Knight Rises), un coup chez Jacques Audiard pour y livrer l'une des performances de sa carrière (De rouille et d'os). Lorsqu'elle s'offre à coeur ouvert à une journaliste du Guardian pour assurer la promotion de son dernier long métrage, Deux jours une nuit, Marion Cotillard surprend encore et s'épanche...
Une enfance et des peurs ancrées
Fille de comédiens, Marion Cotillard semblait prédestinée à devenir elle aussi une actrice. Pourtant, tout ne fut pas si simple pour la jeune femme qui a dû pendant toute son enfance lutter contre des peurs et des questionnements incessants. "J'ai toujours eu le sentiment d'être un paria, assure-t-elle. Il y a quelque chose d'étrange à propos de moi. Je ne me suis jamais sentie à l'aise dans un groupe de gens. J'ai dû lutter pour surpasser mes peurs."
Très jeune, elle est le témoin de son propre mal-être qu'elle doit combattre quotidiennement. "J'avais des dilemmes existentiels dès l'âge de 7 ans, des questions obsessionnelles à propos de ma place dans le monde, se souvient-elle, avant de poursuivre. À l'école, j'étais considérée comme une très bizarre. Je n'arriverais pas concevoir les relations entre les gens." L'adolescente qu'elle était a fini par trouver une échappatoire dans la comédie, dans le fait d'entrer dans d'autres personnages. "C'est au travers de l'acting que je me suis trouvée", assure la comédienne qui, dans sa chambre, aimait s'identifier à Louise Brooks ou Greta Garbo. "J'ai beaucoup absorbé de mon père", un mime breton et metteur en scène qui est clairement un élément déclencheur dans son désir de comédie.
À l'épreuve de ses personnages
Impliquée dans son travail, l'actrice d'origine parisienne et qui a grandi à Alforville est de celles qui peuvent se fondre dans leurs personnages, avec tout l'aspect dangereux que cela peut représenter. Au Guardian, elle ne cachera pas avoir usé d'exorcismes et autres rites chamaniques pour fuir Edith Piaf, qu'elle a magistralement interprétée dans La Môme mais qui a surtout hanté la comédienne primée d'un César, Oscar et Golden Globe pour cette performance.
Plus expérimentée, elle fait aujourd'hui la part des choses et se contrôle. Avec pour exemple Deux jours une nuit, où elle incarne un personnage courageux mais dépressif. "J'ai compris la dépression. Je n'ai jamais été super déprimée, mais à un moment, j'ai pensé que ça allait arriver", se souvient-elle. Se perdre dans le "noir le plus total", Marion Cotillard ne le fait plus. "Avant ma famille, toute ma vie était dédiée au personnage. Plus j'étais affectée par elle, plus je m'en sentais proche. Mais je ne peux plus m'enfermer à double tour dans un autre monde désormais. Je ne veux pas que cela affecte mon fils quand je suis dans un état bizarre parce que je suis 'déprimée' ou en train de 'tuer un roi'", dit-elle en référence à sa dernière composition de femme torturée dans MacBeth face à Michael Fassbender.
François Hollande et le cirque de la politique
Sans fard, Marion Cotillard a aussi évoqué son statut de personnalité publique et l'engouement médiatique. "Avoir votre photo prise dans la rue et mise dans un magazine ne changera pas votre vie", assure la comédienne qui en profite pour dénoncer le cas anglais et le scandale des écoutes : "Mais ce qui arrive aux gens en Angleterre, les téléphones piratés, sur écoute. C'est à vomir." Avant de marcher dans les pas de Sophie Marceau et de faire ouvertement référence à François Hollande. "Si quelqu'un trompe sa femme dans la rue et que des photos sont prises, très bien, c'est à ses risques et périls. Je ne suis pas en train de parler de gens... qui dirigent actuellement notre pays", tente-t-elle de rectifier.
Elle assurera pourtant que "les politiques français, c'est un cirque". Engagée en faveur de l'environnement, elle qui fait l'apologie du bio et de la nature, Marion Cotillard n'est pas pour autant de celles qui veulent s'engager aux côtés d'un homme politique comme des stars hollywoodiennes ont pu soutenir des candidats démocrates ou républicains ou en s'engageant à l'international. "Faire campagne et jouer ne sont pas compatibles. C'est pourquoi Audrey Hepburn a abandonné la comédie. C'est pourquoi Angelina Jolie va l'abandonner aussi. Je ne suis pas prête à arrêter", assure celle qui retrouvera prochainement le cinéma français et Nicole Garcia pour un nouveau long métrage.