

Mardi 18 décembre 2018, le musée du Quai Branly – Jacques Chirac accueillait la 5e édition du Prix Culture pour la paix, présidé par Marc Ladreit de Lacharrière et remis par la Fondation Chirac en association avec la Fondation Culture & Diversité fondée par l'homme d'affaires. Ce prix "distingue des personnalités ou des institutions oeuvrant au règlement des conflits par des programmes artistiques et culturels". Le Prix Chirac pour la prévention des conflits a également été remis à cette occasion. Claude Chirac, vice-présidente de la Fondation créée et présidée par son père, était présente avec son fils, Martin Rey-Chirac.
Âgé de 22 ans, Martin Rey-Chirac est le fils de Claude Chirac et de son ex-mari Thierry Rey, ancien champion olympique de judo et ex-conseiller sport et jeunesse du président de la République François Hollande. Le jeune homme travaille dans les nouvelles technologies, associé dans la start-up Ask Mona, un bot Facebook Messenger qui conseille ses utilisateurs en sorties culturelles. À l'instar de son grand-père, dont il est l'unique petit-fils, Martin est un passionné de culture...
C'est à lui qu'est revenu l'honneur d'ouvrir cette cérémonie. Martin Rey-Chirac n'a pas caché son émotion de s'exprimer ainsi sur la scène du théâtre Claude Lévi-Strauss, "l'un des plus grands savants français", au sein du musée qui porte le nom de son grand-père. Le jeune homme a souhaité la bienvenue à tous, en particulier au ministre des Affaires Jean-Yves Le Drian, qui prendra la parole plus tard au nom du président Emmanuel Macron, ainsi qu'en celui du président Nana Akufo-Addo de la république du Ghana, qui parraine cette édition des Prix de la Fondation Chirac. "Le Ghana est une vraie démocratie et vous-même, monsieur le président, êtes un avocat des droits de l'Homme." Martin poursuit par un hommage au regretté ancien secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, mort cet été : "Permettez, au nom de mon grand-père qui avait pour lui tant d'estime, d'associer à ce moment la mémoire de monsieur Kofi Annan, dont la vie aura été consacrée au service de la paix."
Il est toujours le même, faisant plaisanteries et calembours, avec cet humour qui est le défi ultime des forts face à l'adversité.
"Cette année, la fondation fête son dixième anniversaire, poursuit Martin Rey-Chirac. Nos lauréats incarnent l'inspiration à un monde de justice, de dialogue et de paix qui a été au centre de l'action d'homme d'État du président Chirac. (...) Dans des sociétés de plus en plus tentées par le repli sur soi, les actions [de nos lauréats] sont nécessaires, leurs voix dérangent. Nous n'avons d'autre ambition que de poursuivre le chemin tracé par Jacques Chirac. Je sais qu'il est triste de ne pas être présent, mais heureux de voir que la force de ce message parvient encore à mobiliser."
Pour finir, Martin Rey-Chirac raconta sa dernière visite dimanche, comme "chaque dimanche", chez son grand-père, Jacques Chirac : "Je suis passé l'embrasser. Bien sûr, la maladie est là, patiente et impatiente. Comme la pendule de Brel, elle l'attend. Mais quand on lui fait face, dans son vaste fauteuil, il est toujours impressionnant. (...) Il est toujours le même, faisant plaisanteries et calembours, avec cet humour qui est le défi ultime des forts face à l'adversité. La maladie ne le vaincra jamais. Elle ne vaincra jamais ni la prestance de son absolue dignité ni son humanité. Je suis fier que le hasard de la vie m'ait fait partager son chemin. Comme je suis fier d'être ici avec vous, ce soir."
Le 5e Prix Culture pour la paix est décerné à L'Ateliers des artistes en exil. Ouvert en 2017 par Judith Depaule et Ariel Cypel, cet espace accueille, dans le 18e arrondissement de Paris, les artistes réfugiés du monde entier. Ils viennent "de Syrie, d'Afghanistan, d'Égypte, d'Iran, d'Azerbaïdjan, du Soudan, de Côte d'Ivoire et d'ailleurs", ils s'illustrent dans toutes les disciplines artistiques. Actuellement, ils sont 200 inscrits. L'Atelier des artistes en exil les accueille et les accompagne de "leur arrivée à leur mise en réseau avec les structures culturelles". Des expositions et un festival, Visions d'exil, sont organisés pour mettre en valeur ces talents.
Le Prix Culture est décerné par un jury composé de personnalités comme Jacques Chirac, Emma Bonino, ancienne ministre des Affaires étrangères de la République italienne, Joaquim Alberto Chissano, ancien président de la République du Mozambique (1986-2005), Alain Juppé, maire de Bordeaux et ancien Premier ministre, ou encore Marc Ladreit de Lacharrière, président et fondateur de la Fondation Culture & Diversité. Le jury reçoit l'aide d'un comité d'experts.
Un second prix de la Fondation Chirac, aidé celui-ci par la Fondation Orange, a été remis mardi soir : le Prix Chirac pour la prévention des conflits. La lauréate est Dinashika Dissanayake, avocate à la cour suprême de Colombo et militante de terrain. Elle oeuvre pour les droits de l'Homme et la préservation de la démocratie au Sri Lanka. Dinashika Dissanayake envisage le droit comme "une arme pour la reconstruction" de son pays, fracturé par trente ans de guerre civile.
De nombreuses personnalités ont assisté à ces deux sacres : le ministre de la Culture Franck Riester, le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, l'homme d'affaires François Pinault, membre du conseil d'administration de la Fondation Chirac, les anciens ministres Jean-Pierre Raffarin, Alain Juppé, Jacques Toubon, accompagné par son épouse Lise, Jean-Jacques Aillagon, Jean-Louis Debré, Renaud Donnedieu de Vabres, mais aussi Line Renaud, Jacques Séguéla, Frédéric de Saint-Sernin ou encore Latifa Ibn Ziaten, lauréate en 2015 du Prix Chirac pour la prévention des conflits pour sa lutte contre le radicalisme...
Le Prix Culture pour la paix et le Prix Chirac pour la prévention des conflits sont tous les deux accompagnés d'une dotation de 50 000 euros.